PATRIMOINE BEAUX ARTS VENTE AUX ENCHÈRES
La vente historique de la Collection Yves Saint Laurent et Pierre Bergé organisée, au Grand Palais, à paris, du 23 au 25 février 2009, a été dispersée pour 373,5 millions d'euros.
Tandis que Christine Albanel, se félicitait qu'une partie des œuvres d'art présentées ait pu rejoindre les collections des musées nationaux, un coup de théâtre est survenu : l'acheteur chinois des deux têtes de lapin et de rat refusait d'acquitter l'enchère... dans un geste "patriotique". Aujourd'hui, l'homme d'affaires chinois apparait un peu plus seul avec ses bronzes...
Lire ci-dessous.
L'actualité de la vente :
Nouveau ! L'homme d'affaires chinois, seul avec ses bronzes Figaro 5 mars 2009
Après son refus de payer les deux têtes chinoises, Cai Mingchao, consacré héros national il y a peu, est lâché par les autorités et les internautes.
Après avoir annoncé en début de semaine qu'il ne paierait pas pour les trésors volés à la Chine au XIXe siècle, l'acheteur Cai Mingchao semble attendre la fin de la période des sept jours - délai maximum pour payer - avant de confirmer sa décision. Lundi dernier, il avait révélé son identité (...). Depuis, les autorités chinoises ont pris leurs distances. «Sa position est personnelle et n'a rien à voir avec nous», s'est contentée de répondre une responsable du ministère de la Culture interrogée par Le Figaro. De son côté, le ministère des Affaires étrangères continue de juger cette vente aux enchères illégale et demande la restitution des pièces à la Chine, mais affirme ne pas avoir été au courant de la démarche de M. Cai....
Empêcher la vente à tout prix le Petit Journal 3 mars 2009
Tout commence en janvier 2009 avec l’annonce de la vente aux enchères des collections Pierre Bergé-Yves Saint-Laurent chez Christie’s des 23-25 février. Cette collection comprenait notamment deux têtes d’animaux en métal, l’une de rat, l’autre de lapin, appartenant à un cycle du zodiaque chinois, en provenance d’une fontaine à eau du XVIIIe siècle, « désignée » par le jésuite français Michel Benoist au Yuanmingyuan.
(...) En Chine, on a vu se dessiner une opposition générale à la vente de ces oeuvres. Une armada de spécialistes, professeurs, avocats, présidents d’association mais aussi des étudiants ou des internautes, tous se sont demandés comment résoudre les faits légués par l’histoire. Finalement, c’est un acheteur chinois, Cai Mingchao, membre de l’association du Fonds du Patrimoine National Chinois, créé en 2002, qui a acquis ces deux pièces pour la somme de 31, 49 millions d’euros. Mais, coup de théâtre, l’acheteur n’a aucune intention de payer. Il s’agissait simplement d’user d’un stratagème pour que ces pièces reviennent à la Chine, étant donné qu’elles ont été arrachées à leur site initial et que les Chinois sont aujourd’hui très regardants quant à leur patrimoine.
(...) C’est là le dessein du Fonds du Patrimoine National Chinois. Mais pas au prix fort : cinq des douze têtes d’animaux du zodiaque (appartenant à la fontaine de Benoist), celles des bœuf, tigre, singe, cheval et cochon, ont été récupérées depuis 2003. Le groupe Poly, conglomérat public dépendant de l'armée et le milliardaire hongkongais Stanley Ho, ont racheté les autres têtes lors d'enchères.
En France, le vendeur, Pierre Bergé, était partant pour donner à la Chine les deux têtes supplémentaires de rat et de lapin mais sous condition… « d’ingérence dans les affaires intérieures de la Chine », à savoir la reconnaissance des… droits de l’Homme....
Pour Christine Albanel, ministre de la Culture, "cette vente reste un succès mondial, un record historique" dont a bénéficié Paris.
Dans un communiqué daté du 26 février, la ministre a remercié " Pierre Bergé pour les œuvres dont il a fait don à l’Etat : la tapisserie de Burne-Jones, «l’Adoration des mages », qui rejoindra les collections du musée d’Orsay et le tableau de Goya, « Le portrait de Don Luis Maria de Cistué », offert au musée du Louvre."
D'autres œuvres ont pu êtres acquises par les Musées, lors de cette vente exceptionnelle :
- Les Lilas, d'Edouard Vuillard, pour le musée d’Orsay
- Au Conservatoire, de James Ensor, pour le musée d’Orsay
- Il Ritornante, de Georgio de Chirico, pour le Centre Pompidou
- Un portrait miniature de Louis XIV, par Petitot, pour le musée du Louvre
- Une plaque en émail de Limoges du XVIème siècle représentant Paris, par Léonard Limosin, pour le musée national de la Renaissance au Château d’Ecouen
- Deux plaques en émail de Limoges du XVIème siècle représentant Arthur et Josué, par Martial Ydeux, pour le musée national de la Renaissance au Château d’Ecouen
Ces acquisitions d’un coût total de 13.135.000 euros, ont pu être réalisées grâce à la mobilisation des crédits de l’Etat (fonds duPatrimoine, crédits d’acquisition des musées), aux contributions des sociétés d’amis de musées et au mécénat de Pierre Bergé.
La collection YSL/Bergé a été dispersée pour 373,5 millions d'euros (source AP du 25 février 2009) :
(...) Cette vente historique aura tenu ses promesses, avec plusieurs records mondiaux et un produit total de 373.496.500 euros (frais inclus), qui dépasse de beaucoup l'estimation moyenne de 300 millions d'euros. Devant la presse, Pierre Bergé s'est dit "très heureux des résultats de cette vente, malgré la crise", car il n'avait pas demandé de garanties à Christie's. "D'autres m'avaient demandé d'attendre la fin de la crise, ce que j'ai refusé", a ajouté l'homme d'affaires. "J'ai voulu ramener le marché de l'art à Paris, et je l'ai fait, et j'espère que les collectionneurs et acheteurs n'auront plus peur de vendre de l'art à Paris", a-t-il conclu...
La "touche provençale" de la Collection YSL & Bergé a la cote La Provence 24 février 2009
Les toiles de Cézanne et Matisse peintes par les artistes dans notre région et appartenant à la Collection Yves-Saint-Laurent et Bergé ont été vendues hier soir à la "vente du siècle". (...) Ainsi, l'aquarelle du maître aixois Paul Cézanne La montagne Sainte-Victoire vue des Lauves (recto); Etude d'arbres (verso) , exécutée par l'artiste vers 1902-1906 et estimée entre 2 et 3 millions d'euros, s'est vendue à 2,81 millions d'euros. Les trois toiles d'Henri Matisse qui faisaient également partie de cette "touche provençale", le maître du fauvisme les ayant réalisées alors qu'il était de passage dans le Var ou installé à Nice, sont également parties à très bon prix. Estimé entre 150 et 200 000 €, Portrait de Micheline, réalisé en décembre 1939, a fait le bonheur d'un collectionneur pour la somme de 385 000 €. Le Danseur, exécuté par Matisse en 1937-1938, et estimé entre 4 et 6 millions d'euros, a quitté la Collection pour 6,785 millions €. Enfin, Nu au bord de la mer , une huile sur toile estimée également entre 4 et 6 millions d'euros, signée et datée et où l'artiste a posé la note suivante : "Ce tableau a été peint à Cavallière (Var) en 1908", à quant à elle aussi été vendue au-delà de prix estimé : 8,241 millions d'euros.
Rien à voir évidemment avec ce record obtenu par Matisse pour Les coucous, tapis bleu et rose qui a suscité le plus de convoitise et fait monter les enchères jusqu'à 35,9 millions d'euros avec les frais alors que sa vente était estimée entre 12 et 18 millions d'euros ! Un record du monde ! Quoi qu'il en soit, par l'acquisition de ces toiles, c'est un peu de notre belle région qui s'est "dispersée" à travers le monde (selon Christie's, 30 % des acheteurs étaient des Américains et quelque 70 % des Européens, dont 12 % de Français)...
Y. Simon : « Nous sommes responsables du patrimoine » Vente YSL/Bergé : une enchère record AFP 24 février 2009
Le fauteuil "aux dragons" d'Eileen Gray, une des pièces phares de la vente Yves Saint Laurent et Pierre Bergé consacrée ce soir aux Arts décoratifs, a été adjugé au prix de 21,9 millions d'euros, un record pour cette artiste. Le fauteuil de forme arrondie, gainé de cuir brun dont les accoudoirs sont ornés de têtes de dragons sculptées, était estimé entre 2 et 3 millions d'euros. Il s'agit, selon Christie's, d'un record également pour un meuble du XXe siècle et du deuxième prix le plus élevé pour un meuble après le "Badmington cabinet" (XVIIIe siècle) vendu 36,6 millions de dollars (27,46 millions d'euros), en décembre 2004.
YSL-Bergé : la «vente du siècle» remplit ses promesses Figaro 24 février 20
En une seule soirée, il s'est vendu pour 206,15 M€ d'œuvres impressionnistes et modernes. Du jamais-vu pour une collection privée.
Rocade Nord, route glissante... Au coeur de la vente Saint Laurent-Bergé L'Express 24 février 2009
Annick Colonna-Césari, journaliste à L'Express, a pu assister à la première soirée de vente aux enchères de la collection Saint Laurent-Bergé. Récit de l'événement vu de l'intérieur.
206 millions d'euros : c'est le chiffre d'affaires réalisé par la vente de la collection Yves Saint Laurent - Pierre Bergé, et un record mondial pour une collection privée dispersée aux enchères. En 1997, la collection Victor et Sally Ganz à New York avait « seulement » rapporté 163 millions. Dès le premier soir des trois jours de ventes, l'estimation globale fixée entre 200-300 millions a donc déjà été dépassée. (...) Durant la première soirée, une soixantaine de lots ont été dispersés. Il en reste encore ... 672. La vente se poursuit donc mardi avec des tableaux et dessins anciens et du 19è siècles, et des oeuvres d'art décoratif. Et mercredi par les arts d'Asie. A la demande de Pierre Bergé, deux oeuvres ont été enlevées : un tableau de Goya dont il fait don au Louvre et une tapisserie de Burne-Jones , qu'il offre au musée d'Orsay. Mais les deux pièces que les autorités chinoises - une tête de rat et une de lapin, provenant de la Cité interdite -menaçaient de faire retirer de la vente, seront elles bien présentes...
Bergé - Saint Laurent, la collection en images Libération 22 février 2009
La foule se presse ce samedi au Grand Palais à Paris pour admirer la collection de Pierre Bergé et Yves Saint Laurent, exposée avant d'être vendue aux enchères lundi. Tour du propriétaire. (Voir aussi en pdf le dossier spécial que Libération consacre à cette «vente du siècle»...
Découvrez les trésors de la « vente du siècle » Le Parisien 20 février 2009
Pierre Bergé : échange statues chinoises contre droits de l'Homme Europe1 20 février 2009
"Je ne ferai pas de cadeau aux Chinois contrairement à ce qu'ils imaginent. Je suis prêt à donner ces têtes chinoises à la Chine s'ils sont prêts à reconnaître les droits de l'Homme", a déclaré vendredi Pierre Bergé dont la collection constituée avec Yves Saint Laurent sera dispersée la semaine prochaine à Paris lors d'une vente aux enchères historique. (...) Des avocats chinois ont annoncé vendredi avoir entamé une procédure judiciaire à Paris pour empêcher la vente de ces deux pièces : une tête de rat et une tête de lapin en bronze, pillées à Pékin il y a près de 150 ans au Palais d'été par les troupes franco-britanniques à l'occasion de la seconde guerre de l'opium. Elles sont estimées autour de 10 millions d'euros pièce.
Un juge des référés de Paris doit statuer lundi sur un référé déposé au nom de l'Association pour la protection de l'art chinois en Europe (Apace). "Ces têtes chinoises ont été pillées il y a 150 ans en Chine comme ont été pillées les fresques du Parthénon à Athènes qui sont au British museum, comme ont été pillées beaucoup de pièces qui se trouvent dans tous les musées du monde", a souligné Pierre Bergé. "Là dessus il y a une législation et une jurisprudence", a encore dit l'ancien président de la maison de couture Yves Saint Laurent, homme de gauche engagé et qui a financé en 1989 la Maison de la Démocratie Chinoise de Paris, destinée à venir en aide aux dissidents et étudiants chinois ayant fui la Chine après l'écrasement du soulèvement étudiant de la place Tiananmen...
Vente YSL/Bergé: une tapisserie de Burne-Jones offerte au musée d'Orsay AFP 18 février 2009
Une des tapisseries de Sir Edward Coley Burne-Jones, "L'adoration des mages", figurant dans la collection Yves Saint Laurent/Pierre Bergé, est finalement offerte par M. Bergé au musée d'Orsay, a indiqué mercredi la maison de vente aux enchères à l'AFP.
Rappel de la premier note sur ce sujet :
Représentant l’une des plus importantes collections privées constituées au cours du siècle dernier, la Collection Yves Saint Laurent et Pierre Bergé réunit des chefs d’œuvres de la peinture moderne, des dessins et des peintures des Grands Maîtres ainsi que d’artistes du XIXéme siècle> des pièces d’orfèvrerie de la Renaissance allemande, des meubles et des objets d’Art Déco, des sculptures remarquables, des œuvres d’art et des meubles du XVIIème et du XVIIIème siècle, de l’art asiatique et des antiquités.
Plus de 700 œuvres et objets d'art sont au catalogue. Pour les avoir vus samedi au Grand Palais, (après une attente quasi interminable de plusieurs heures), force est de reconnaître la très grande qualité de cette collection patiemment constituée au cours des cinquante dernières années. Des pièces exceptionnelles, de l'antiquité au XXème siècle, que nous ne reverrons sans doute pas de sitôt, puisque la majorité d'entre elles seront dispersées dans des collections privées...
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