Mais à quel titre ?
Ce dimanche 8 mars à 20h40 sur M6, Zone Interdite compte retransmettre un nouveau reportage sur la dangerosité du jeu vidéo pour les enfants dans un grand dossier intitulé « Alcool, cannabis, jeux vidéo, porno : nos enfants en danger ». Pas besoin d’aller plus loin pour comprendre à quelle sauce les jeux vidéo vont être mangés.
Les parti pris des médias à l’encontre des jeux vidéo ne sont certes pas nouveaux mais que cette tendance persiste dans la durée sans que personne ne se pose les bonnes questions est un phénomène plus que déconcertant.
C’est pourquoi quelques clarifications s’imposent.
Pourquoi le jeu vidéo est-il généralement perçu comme dangereux ?
Parce qu’il est tout simplement encore mal compris par la majorité de la société. Bien qu’il ne se fasse plus tout jeune maintenant, le jeu vidéo est un mode de divertissement relativement plus récent que la télévision. Le marché qu’il constitue a d’ailleurs connu des développements fulgurants à partir de la deuxième moitié des années 80 et ce, jusqu’à aujourd’hui. Toujours plus réalistes, plus sophistiqués et évoluant avec son public, les jeux vidéo cherchent à susciter de plus en plus d’émotions avec des scénarios prenants. Du vrai cinéma interactif.
Mais du coup, tous les jeux vidéo ne sont pas à mettre entre toutes les mains. Et c’est souvent ce qu’oublient les parents, qui font couramment preuve d’un désintérêt total pour les jeux vidéo auxquels leurs enfants jouent. C’est, en effet, le constat dressé par un sondage Ipsos publié en décembre 2008, démontrant que 54% des interrogés ne parlent jamais de jeux vidéo avec leurs enfants et que 31% avouent même ne pas savoir à quoi ils jouent, la vigilance diminuant avec l’âge de l’enfant (jusqu’à 58% pour la tranche d’âge des 15-17 ans).
Or, ce sont pourtant les parents qui sont les principaux acheteurs de ces jeux dans 79% des cas. Un jeu vidéo qui a été demandé par leurs enfants pour 67% des interrogés. Les parents manquent-ils autant de jugements au point de ne pas savoir quand un jeu est violent pour leurs enfants ? Non, là n’est pas la question. Du fait de leur désintérêt pour les jeux vidéo, c’est souvent mal informés sur le contenu d’un jeu que les parents achètent pour leurs enfants. Preuve de cette méconnaissance, le système PEGI, qui signalise de façon simple et visible l’âge à partir duquel un jeu vidéo peut être joué par un enfant, n’est pas connu pour 79% des interrogés.
En revanche, la bonne nouvelle c’est que ceux qui connaissent ce système l’utilisent de façon presque systématique pour se repérer face à un jeu.
Ce que l’on ne connaît pas nous fait peur et c’est bien le cas des jeux vidéo, expliquant ainsi cette mauvaise perception à son égard.
Passons à l’autre question qui brûle toutes les lèvres.
Pourquoi les médias, et surtout les médias audiovisuels, pointent-ils fréquemment du doigt les jeux vidéo ?
Les jeux vidéo sont un moyen de divertissement quasi inévitable chez l’enfant. 96% des enfants y ont déjà joués, dont 32% une fois par jour. Evidemment, cela fait de la concurrence aux programmes de télévision pour enfants, de quoi rendre les chaînes de TV jalouses. Mais comme on dit dans le jargon commercial, « business is business » et tous les moyens sont bons pour rester le monopole du divertissement.
Alors en tant que systèmes d’influence de l’opinion publique, les médias télévisuels n’ont plus qu’à pointer du doigt la plainte craintive de certains parents, qui, certes, au final ne savent plus quoi faire mais qui se sont d’abord montrés indifférents à l’activité vidéo ludique de leurs enfants, pour ensuite généraliser le phénomène. Les reportages n’étant souvent pas très approfondis, ils s’arrêtent souvent à la finalité et non à la cause du « problème ».
Réponse donc à la question avancée par Zone Interdite sur « comment protéger nos enfants ? » : en s’intéressant à ce qu’ils jouent et en s’informant sur les jeux qu’ils souhaitent acheter afin d’éviter la gaffe du jeu non adapté à l’âge des enfants. Faites du jeu vidéo un terrain de dialogue pour mieux les comprendre plutôt qu’un terrain de mésentente creusant l’absence de dialogue.