Pétainiste

M’apprêtant à répondre au commentaire qu’un de mes lecteurs avait fait à propos de mon billet précédent consacré à une émission de Ripostes, j’ai eu la surprise de constater qu’il se trouvait dans l’état Rejeté. J’en viens à penser que c’est peut-être moi-même qui, par un clic de souris malheureux, l’avais précipité dans cet état de rejet car je ne vois guère ce qu’il avait de condamnable.
En effet, les considérations sur les mots dénonciation et délation relèvent simplement de la sémantique et, trouvant leur source dans des dictionnaires fort répandus, ne peuvent à mon sens guère être suspectées de biais. Je relève un seul point susceptible d’éveiller des susceptibilités, c’est lorsqu’il est avancé que la dénonciation a des relents pétainistes. J’ose espérer que personne n’a vu là une attaque contre notre ministre. C’est la dénonciation qui se voit qualifier par un terme que l’histoire a depuis chargé d’opprobre, l’adjectif pétainiste. A l’origine, utilisé comme substantif, il désignait les partisans du Maréchal Pétain, qui se comptaient alors par millions.
Nul ne peut contester que, pendant l’Occupation, les dénonciations, pas toujours désintéressées, aient été nombreuses. Ce terme évoque donc malheureusement cette sombre période de notre Histoire. D’autres mots ont eu plus de chance. Ainsi collaborateur a repris son sens neutre de « personne qui travaille avec une ou plusieurs autres à une œuvre commune ». Il est vrai que, dans ses emplois moins honorables, la fréquente substitution au c initial du k de kommandantur a permis à ce mot de collaborateur d’être préservé de cette souillure. Mais on ne peut nier que le mot dénonciation, quant à lui, traîne une connotation suspecte.
Pour conclure, il me semble qu’on ne saurait s’émouvoir de lire que la dénonciation a des relents pétainistes.