Hommage ou coïncidence, le jour des obsèques de Raymond Barre apparaissent les prémisses d'une nouvelle polémique sur les impôts. En effet, alors que tout le gratin politique national, à l'exception notable de Jacques Chirac, était réuni pour rendre un dernier hommage à celui qu'il était de bon ton de qualifier, comme l'avait pompeusement fait Valéry Giscard d'Estaing, de "meilleur économiste de France" (alors même que ses résultats à Matignon et rue de Rivoli sont loin de plaider en sa faveur…), la gauche sautait sur un nouvelle approximation de communication de la part de Bercy pour rallumer le feu concernant les impôts.
Il faut bien reconnaître que cela fait pour le moins mauvais genre : après avoir instauré un "bouclier fiscal" pour limiter l'imposition des très hauts revenus et avoir diminué l'ISF, la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, reconnaît, suite aux fuites du Canard Enchaîné, préparer un "impôt plancher" visant à limiter l'effet des niches fiscales. Bien entendu le PS n'en attendait pas tant et saute sur l'occasion de claironner qu' "en annonçant sa volonté de créer un impôt minimal dans le but de corriger les injustices de ses propres baisses d'impôt, le gouvernement confirme la validité des reproches formulés à l'égard de son paquet cadeau fiscal", ajoutant qu' "il met sur pied une nouvelle usine à gaz, dont le risque est de créer la confusion, et donc de nuire à la confiance et à la croissance". Le porte-parole du gouvernement a beau monter au front pour assurer qu' "il y a une façon un peu artificielle de faire monter un débat sur lequel la donne est parfaitement claire", le mal est sans doute déjà fait un peu à la manière de ce qui s'était passé avec la TVA sociale au mois de juin.
C'est à se demander comment fait le gouvernement pour être aussi mauvais dans ses annonces concernant les impôts. Il faut le faire d'affirmer vouloir récupérer l'argent qui s'évapore dans les niches fiscales après en avoir créé de superbes, qui plus est pour les plus hauts revenus, et dans le même temps préparer une hausse de la TVA, même sociale, dont même nombre d'UMP, dont certains spécialistes de l'économie comme Pierre Méhaignerie, reconnaissent qu'elle sera néfaste pour le pouvoir d'achat (même si, ô étonnement, les économistes mandatés par Eric Besson, disent le contraire).
Si Nicolas Sarkozy veut réellement lutter conte le déficit budgétaire, sans doute ferait-il bien de mettre à l'amende ses ministres, y compris le premier d'entre eux, chaque fois qu'ils sortent un mensonge éhonté sur les prévisions de croissance, ou mieux encore, chaque fois qu'ils merdouillent dans leur communication concernant les impôts…