Diffamation ? Ils vont drôlement fort !
Ils reprochent à Christian Velot d’avoir affirmé dans une vidéo mise en ligne sur le site du Nouvel Observateur «qu’il était de notoriété publique que certains experts sont des partisans systématiques, et de longue date, des OGM» (…) «Des propos qui auraient pu valoir ‘une plainte en diffamation» selon Philippe Joudrier, membre de l’Afssa.
En fait de diffamation, Christian Velot que j’ai entendu en fin d’après-midi sur France-Culture où il était invité par Albert Jacquard, reproche essentiellement à deux personnalités de l’Afssa – Philippe Joudrier et Louis-Marie Houdebine, lequel est par ailleurs également membre de l’Efsa, l’équivalent européen de l’Afssa – de prendre systématiquement fait et cause pour Monsanto, notamment en étant intervenu en faveur de Monsanto lors de procès contre les «faucheurs volontaires» d’OGM en plein champ et d’avoir signé une pétition en faveur des OGM.
Or donc, ceux-là même qui reprochent à Christian Velot d’être un scientifique «militant»… serait-ce au demeurant une tare ou une incompatibilité éthique ? semblent bien être des militants de la cause pro-OGM !
Il est quand même formidablement curieux que dès que l’on met en cause l’intégrité de leurs avis, les experts répondent immédiatement en termes de conflit d’intérêt liés à la corruption, comme en témoigne la réaction du Professeur Louis-Marie Houdebine : «Depuis le temps que l’on nous reproche d’être à la solde de Monsanto, il serait temps que ceux qui nous traitent de corrompus en apportent la preuve. C’est du trucage de A à Z !».
J’ajouterais que les experts ne vivent pas de l’air du temps entre deux avis rendu pour l’Afssa ou n’importe quel organisme – le problème de l’indépendance des experts se pose dans les mêmes termes dans de nombreux domaines – mais qu’ils ont une activité professionnelle.
Il se trouve que tant Philippe Joudrier que Louis-Marie Houdebine sont ou ont été directeurs de recherche à l’Inra (Institut national de la recherche agronomique).
Ce n’est sans doute pas le cas en ce qui les concerne mais cela peut valoir pour nombre d’experts : certains laboratoires d’organismes a priori indépendants – tels l’Inra - peuvent très bien travailler sur des programmes liés à des recherches qui intéressent de près ou de loin les multinationales de l’agro-pharmaco-business telles que Monsanto…
Où commence et s’arrête ce que l’on recouvre du voile pudique de «conflit d’intérêt» ?