"Les mêmes qui nous expliquent, non sans raison, qu’en brisant les habitudes mentales, les structures sociales et traditionnelles des pays du Tiers-monde, la colonisation les a souvent stérilisés, se font, en Europe, les adeptes de la pire néophilie, sacrifient tous les jours au mythe du « Progrès » et invitent nos contemporains à rompre avec les « vieilleries » du passé. D’un côté on nous dit que les Indiens et les Esquimaux ne peuvent pas résister à l’agression que représente le contact avec la civilisation Occidentale. De l’autre on affirme que le mélange des peuples et des cultures est, pour les Européens, chose excellente et facteur de progrès. Il faudrait donc savoir s’il y a deux poids et deux mesures –ou si, pour citer Orwell, tous les peuples sont égaux…sauf ceux qui sont plus égaux que les autres ! Pour ma part, je ne vois pas pourquoi ce qui est excellent pour les Bororos ou les Guayaquis, ne se révèlerait pas au moins aussi bon pour nous. Ou bien alors, il faudrait admettre que certaines races sont plus douées que d’autres du point de vue des capacités d’adaptation. Mais ce serait alors de la « discrimination ». « Si l’on dénonce à bon droit les ethnocides des primitifs par les Européens, écrit Raymond Ruyer, il ne faut pas interdire aux Européens de préserver leurs propres ethnies ». De leur côté, les dirigeants des communautés Juives ne cessent de répéter que deux périls les ont toujours guettés au cours de l’histoire : les pogroms et l’assimilation. Leur mise en garde vaut la peine d’être écoutée. Réaffirmons donc le droit des peuples à être eux-mêmes, le droit qu’ont tous les peuples à tenter d’atteindre leur plénitude, contre tout universalisme et contre tous les racismes."
Alain de Benoist, Les idées à l’endroit, 1979.