Galtier-Boissière avait sa drôle de paix pour affûter son style et aiguiser ses crocs. J’ai de plus en plus la sensation d’assister à la crise majeure d’une humanité mondialisée par le sens historique, sans qu’aucun garde-fou n’en prévienne la chute.
Comme lors de la Guerre du Golfe, je ne suis qu’un observateur horrifié des dérives humaines. Rendre compte dans l’instant, avec l’imperfection de l’immédiateté mais l’authenticité inhérente, demeure le privilège du diariste. Assister à la tourmente naissante de pays développés dont les bases économiques s’effondrent sans être, pour l’instant, touché dans sa vie propre, développe en soi une fascination déprimée.
L’Union européenne n’a pas su relever le défi d’une réaction coordonnée et massive pour contrer la crise en cours. Le rejet, par la France puis les Pays-Bas, des nouvelles règles de fonctionnement à 25 puis 27 membres, tout comme l’intégration prématurée de pays à l’économie fragile, ne vont pas favoriser l’europhilie. L’urgence de la situation démontre qu’il aurait fallu un leader et un visage à cette UE, plutôt que cette absurde présidence tournante tous les six mois. Un plan unique à l’échelle européenne, adopté à la majorité qualifiée et visant l’ensemble des pays membres, aurait eu plus de gueule que les plans nationaux tirant à hue et à dia. Voilà donc les nouvelles désastreuses qui s’enchaînent sans réaction européenne à la hauteur.
La France, elle, s’inquiète des dérives de ses DROM, Guadeloupe en tête avec un LKP dont le service de sécurité rappelle certaines milices intimidantes de partis extrémistes. Le combat de ces militants ne peut souffrir aucune contestation : il faut rejoindre et épouser leurs causes sous peine d’être recadré sans douceur. Belle conception du dialogue social. Obtenir de force la signature d’un accord prétendu sur l’augmentation de salaires. Résultats des semaines de blocage imposé : une île au bord de la ruine, un taux de chômage qui va s’amplifier et des perspectives sombres d’explosions plus radicales. Si le leader du LKP avait pour ambition de paupériser l’île, comme un Castro l’a fait pour la sienne, alors l’initiative est réussie.