Lucilia Caesar (quel joli nom pour une mouche!), Saint-Ismier, Isère, février 2009
J’ai du mal en ce moment à supporter le spectacle
du reniement, cette pantomime de la vie, la dérision de ce que pût être le
monde. Mais je m’obstine. A l’heure des premières grives (le chant des oiseaux
est délicieux ces matins-ci), je remets mon cœur à l’ouvrage : comment
trouver le langage qui préserve les songes ? Je remue ma plume gourmande
au bord des corolles, à la recherche du parfum originel. Je tourne autour,
c’est chaud, c’est froid. J’aimerais m’emparer d’un grain, d’un mot, d’un seul,
celui qui sonne la fin des folies et des fureurs, ce mot qui ranimerait la
fraîcheur de nos premiers ruisseaux, la lueur d’un sous-bois, ce mot qui dort,
j’en suis sûr, dans la mousse de tous les cœurs.
Vous le connaissez, vous, le mot qui fait
mouche ?