Très largement sur le reculoir dans ce secteur largement dominé par Google Apps, Microsoft vient de proposer une véritable offre commerciale concurrente avec Microsoft Business Productivity OnLine. Le géant de Redmond très hésitant sur sa stratégie vis à vis du SaaS (Software as a Service) opère une rupture sans précédent en terme de stratégie commerciale. N’oublions pas que le chiffre d’affaires de Microsoft est, pour l’essentiel, issu des ventes de sa suite bureautique Office et de son système d’exploitation Windows.
Une tarification par utilisateur et par mois
La souscription à l’offre standard coûte 12.87 euros HT par mois et par utilisateur. Pris séparément, l’accès aux différents services s’établit de la manière suivante :
-
8,52 € HT pour Exchange Online
-
6,18 € HT pour SharePoint Online
-
2,13 € HT pour Office Communications Online
-
3,83 € HT pour Office Live Meeting 2007
Le mode déconnecté
La généralisation du haut débit dans les pays développés permet aujourd’hui de travailler sur des applications en ligne à une vitesse acceptable. L’alourdissement des systèmes d’exploitation sur les stations de travail rend la perception de cette vitesse encore plus acceptable. A l’image de Google Gears, Microsoft devrait toutefois proposer un outil visant à travailler en mode déconnecté. Quant à la technologie employée, Microsoft va-t-il faire le choix de s’appuyer sur Silverlight à l’image de ce qu’il a su mettre en place avec LiveMesh ? Très loin derrière Adobe, acteur dominant dans le domaine des RIA (Rich Interface Application), Microsoft prendrait là un 2eme risque stratégique majeur.
G…planté
La panne survenue récemment au niveau du service Gmail et des applications Google Apps aurait de quoi rafraîchir les ardeurs des plus audacieux. Elle serait due à une surcharge d’un datacenter suite à une mise à jour qui aurait engendré une charge anormale aux autres datacenters. L’effet domino illustre à merveille la thèse de l’accident global cher à Paul Virilio. Et pourtant, selon une étude réalisée par Markess International, la location d’applications de type Saas devrait progresser de 14% en rythme annuel jusqu’en 2010. L’étude ne tient pas compte de trois autres facteurs qui permettraient d’appréhender le succès réel ou supposé du Saas :
- quel est le taux de migration vers des solutions gratuites de type OpenOffice ?
- quelle est l’évolution de la demande en matière de solutions de type “client lourd” ?
- quelle est la proportion d’utilisateurs Saas qui utilise les versions gratuites des plates-formes Google Apps ?
- L’utilisation des applications Saas se fait-elle en complémentarité ou en substitution des plates-formes de type client lourd ?
Plusieurs questions demeurent.
Le succès des plates-formes de type Saas dépend du degré de confiance que les utilisateurs peuvent porter en elles. Une entreprise telle que Dassault est-elle prête à utiliser ce type de plates-formes pour rédiger ses rapports et autres documents ultra-confidentiels ? Pour autant, le client lourd du fait de la complexité des applications qui se jouxtent ne donne pas non plus les gages d’une sécurité que nous sommes en droit d’attendre. Les avis récents du CERTA sur Microsoft Excel et Adobe Reader sont là pour nous le rappeler.
L’autre question centrale concerne l’utilisation des formats ouverts. Malgré la normalisation du format OOXML (Office Open XML), Microsoft s’est engagé à ce que les spécifications du format normalisé s’appliquent aux prochaines versions d’Office. En attendant, OOXML tel qu’il est implémenté dans Microsoft Office 2007 est tout sauf “ouvert”. Son concurrent Google a clairement fait le choix de l’OpenDocument, seul format pour les documents bureautique que l’on peut clairement qualifier de format ouvert. Comme a su le faire Microsoft par le passé, le risque n’est-t-il pas de pousser à l’utilisation de formats qui empêche le client de faire machine arrière ? Même ouvert, OOXML apparaît bien seul… contre tous.
Autres éclairages
- Les applications en ligne progressent fortement en France
- Les services en ligne de Microsoft sont disponibles en France
- Google, Gmail et Calendar en mode déconnecté confortent la stratégie “S+S” de Microsoft
- Gmail ne répond plus