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Manque d'intelligence

Publié le 05 mars 2009 par Cebeji
Manque d'intelligence

L’intelligence est particulièrement étrange.
Chacun dispose de son propre échantillon (propre est un bien grand mot) et pourtant ce merveilleux outil de compréhension s’avère la plupart du temps inefficace, notamment quand on fait l’état des lieux du monde, avec ou sans huissier.
Notre expérience nous apprend depuis la tendre enfance que la compréhension justement progresse de façon lente et graduelle ; autrement dit, ce qui est intelligible aujourd’hui ne l’était pas forcément autrefois.
Partant de là, une sorte de postulat universel devrait unanimement être ratifié comme quoi l’intelligence aussi brillante soit-elle, nous permettrait de percevoir les choses à un instant T sans toutefois nous laisser entrevoir comment elle le ferait quelques années plus tard.
Ce qui revient à dire plus simplement que l’intelligence possède ses propres limites du moment.
Alors comment se fait-il que nous puissions asseoir des idées, des positions, de manière certaine et autoritaire sans négliger ce « postulat ».
Des peuples, des dirigeants, des intellectuels, des gens lambda sont prêts à en découdre, à se déchirer pour des querelles, des points de vue temporels caducs, condamnés à évolués jusqu’au stade :
« ben oui mais on n’avait pas tous les éléments pour juger ! »
Le fameux principe de précaution devrait ici être de rigueur, peut-être plus qu’ailleurs puisque tout découle de la compréhension en fait.
Le problème de fond consiste à savoir comment accepter nos limites , comment les sentir tout en sachant que notre intelligence du moment ne nous permet pas de les connaître.
C’est du reste ce que les sages appellent l’humilité.
Notre intelligence gagne davantage en vivacité à se reconnaître changeante, mutable et évolutive ; rappelons-nous qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas.

Certes, tout cela n’est pas spécialement marrant au premier regard mais détrompons-nous, l’illustration de ce propos dans le quotidien  pour peu que l’on s’y attarde est irrésistiblement déconcertant et désopilant.
Nous sommes d’une fixité dans nos croyances et constats caricaturale au point de ne pouvoir en rire qu’au travers de personnages truculents incarnés sur scène par des humoristes qui, en fait ne sont que des miroirs.
La presse se délecte des contradictions des « people » comme si changer dénonçait une inconstance inconsistante et maladive. Evoluer c’est pouvoir reconnaître de s’être trompé,  changer d’idée, fort heureusement mais ce n’est pas toujours à la mode.
La rigidité est naturellement comique car elle recèle en elle-même du ridicule mais à force d’augmenter elle confine au morbide puis au funeste quand elle devient cadavérique.

L’ignorance de son manque d’intelligence à savoir l’ignorance tout court amène ce paradoxe du rire pour celui qui la voit et de la tristesse par rapport à ce qu’elle engendre.

Alors rions de nous-mêmes et nous serons un peu plus intelligents…

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