Tête en l'air que je suis. Je n'ai même pas vu ce billet de SarkoFrance publié il y a une semaine sur son blog "parallèle". Il me pose une question directe... elle est plutôt simple :
"Voteriez-vous encore pour Sarkozy"
Le taulier suppose que c'est ce que j'ai fait "le 6 mai 2007". Il suppose bien. Je l'ai même fait au premier tour. A vrai dire je ne comprends pas trop l’objectif de cette question. Est-ce là une bonne manière d’offrir aux lecteurs anti-sarkozyste des cibles de lynchage en place publique ? Je ne l’espère pas. Je crois au contraire que Juan chercher ici à saisir les mécanismes du vote de droite et plus particulièrement du report du vote des libéraux sur un candidat dit de droite mais objectivement plus que centriste depuis son élection.
Répondons d’abord à la question. J’ai voté Sarkozy en 2007. Pourquoi ? Car c’était un choix par élimination. Il était strictement hors de question de voter Ségolène Royal pour son programme fou surtout, pour sa personnalité, aussi. François Bayrou me paraissait trop mou du bide (centriste quoi), dans la droite lignée d’un Chirac ou d’un De Villepin. Après quelques décennies Chiraquiennes, j’étais persuadé qu’il fallait oser l’option de la dynamite pour faire bouger quelques lignes, faire exploser "les intouchables" de notre société française. Sarkozy était cette dynamite. Objectivemment il a bien essayé. Je ne crois pas qu'il ait réussi.
Au cours de sa montée en puissance, j’ai pu analyser l’émergence d’un OVNI politique, pas trop à droite, pas trop à gauche... pas trop au centre non plus. Une sorte de "vision politique" non identifiée. Cela m’a quelque peu refroidi. Qu’il s’agisse de ses propos sur la gestion de l’Euro par Trichet, sur l’indépendance de la banque centrale européenne ou sa prise de position marquée « protectionniste » sur le dossier ALSTOM, j’ai rapidement compris qu’il ne s’agissait pas là du candidat providentiel des idées libérales.
Au final donc, il fallait choisir le moins pire de tous. Restait l’abstention et le vote blanc. Dans ma conception des choses, le premier n’est pas respectueux du droit de vote, fondement de nos sociétés libres et démocratiques. Le second équivaut, en l’état actuel des choses, à se taire. Il était hors de question que je me taise.
Alors qu’en est-il aujourd’hui ? Sur certains dossiers, je suis plus ou moins satisfait. Sur d’autres moins. Il faut dire que le contexte économique tire de facto les opinions (et donc les politiques) vers la gauche, n’offrant que très peu de marge de manœuvre aux avis différents. Face à cette crise, je n’ose même pas imaginer les teneurs des plans de relance socialistes ou même centristes. Pour cela, je ne regrette en rien mon vote. Sarkozy laisse filer les déficits ? Certes. Il n’agit que sur les détails de la crise (golden parachutes par exemple) ? Certes. Mais je n’ai pas dit que le plan de relance et la gestion courante de la France par le gouvernement Fillon (et Sarkozy) me donnait entière satisfaction, elle ne me déplait pas complètement non plus.
Alors oui, s’il fallait à nouveau voter, Sarkozy aurait ma préférence. Aujourd’hui aussi.
J’ai voté pour le moins mauvais des candidats en sachant pertinemment que ce dernier ne serait pas parfait. Depuis deux ans maintenant, le bonhomme fait ce qu’il peu, je le crois, dans un environnement globalement très défavorable. On le dit refractaire à l'économie, manque de chance, il doit faire face à la plus grosse purge depuis 1929. A sa charge, il a malheureusement terminé de déconnecter la frange droite de l’échiquier politique français de ses attaches idéologiques en matière économique. Sur ce plan, Sarkozy se démène sans ligne directrice claire, il pêche souvent ses idées à la sociale démocratie. C’est en cela que j’affirme qu’il est un OVNI politique. En cela il n’est donc plus de droite à mon sens.
Sur le plan social, il prend, à mon sens, d’énormes risques avec des textes qui n’en valent pas la peine. Le travail le dimanche en est le meilleur exemple. Il cisaille les différents courants qui composent la droite unie étiquetée UMP et redonne, de ce fait, des perspectives aux courants Chiraquiens (Villepinistes) pour 2012 ou 2017.
En conclusion le choix d’un candidat se définit aussi en fonction des autres options disponibles. En 2007, pour moi, il n’y avait guère photo entre une socialiste rouge, un socialiste orange et un socialiste bleu…
J'ai d'ailleurs la faiblesse de penser que la structure politico-sociale de la France ne peut offrir, in fine, que ce genre de profils politiques.
Alors Juan, es-tu satisfait ?