Pff !!! Voilà la première chose que j’ai envie de dire après avoir fini la lecture de "Le Fait du Prince". Autant j’avais été enthousiasmée par "Ni d’Eve, ni d’Adam", autant là, un grand sentiment de vide me vient à l’esprit lorsque je pense à ce dix-septième opus de Miss Nothomb.
Je n’ai jamais été épatée par les histoires de la Belge la plus connue du monde, mais j’ai toujours appréciée son écriture, très agréable.
Certes, celle-ci est toujours aussi piquante et agréable à lire et les ingrédients classiques y sont - le ton et les personnages - mais manquent l’alchimie et l’épaisseur de l’intrigue. L’écrivaine ne parvient pas à nous faire entrer dans son univers. Les rebondissements paraissent trop voués à des hasards improbables. C’est dommage, car nous avions ici, au départ, une atmosphère kafkaïenne, de l’originalité, une réflexion sur l’identité. Mais en réalité, l’histoire n’est pas subtilement absurde mais invraisemblable.
Pourtant, la mise en bouche était succulente : "Si un invité meurt inopinément chez vous, ne prévenez surtout pas la police. Appelez un taxi et dites-lui de vous conduire à l’hôpital avec cet ami qui a un malaise. Le décès sera constaté en arrivant aux urgences et vous pourrez assurer, témoin à l’appui, que l’individu a trépassé en chemin. Moyennant quoi, on vous fichera la paix".
Tel est l’étrange conseil donné à Baptiste Bordave par son voisin de table lors d’un dîner chez des amis. Le lendemain, un Scandinave du nom d’Olaf Sildur sonne à la porte de Baptiste et s’effondre sur son tapis. Conditionné par sa conversation de la veille, Baptiste va prendre une incroyable décision : lassé de la fadeur de sa vie, il décide de devenir Olaf Sildur. Baptiste Bornave décide alors de devenir Olaf Sildur. Il s’installe dans sa villa Versaillaise, auprès de sa somptueuse jeune épouse qui le prend pour un invité envoyé par un mari trop souvent en déplacements inopinés. S’en suit un farniente interminable dans l’habitation bourgeoise.
Mais tout cela n’est-il pas une sombre machination ? Comment, un homme aussi petit, aussi médiocre que Baptiste Bornave, un individu qui n’a aucun sens et aucune épaisseur au début du livre peut-il, tout d’un coup - pour les besoins de l’intrigue - acquérir une profondeur d’esprit et une capacité de réflexion impressionnante.
Très vite on se demande ce qui va suivre, ce qui va arriver. On attend quelque chose qui nous fasse penser que le roman a commencé. Mais non, rien ne vient. Le malaise qu’on ressent en refermant le roman ne pousse pas vraiment à se demander si l’effet était voulu.
On s’attend à mieux que ça, à plus dérangeant, à quelque chose de moins linéaire, à un encéphalogramme moins plat pour l’intrigue.
La fin du roman se termine sur une "page vierge" et est aussi acadabrantesque que le reste du livre. Frustrant d’abord, agaçant pour finir.
En bref, pas du grand Nothomb, mais du Nothomb quand même...
« Le fait du prince » Un homme vole l’identité d’un inconnu. « Il y a un instant , entre la 15ème et la 16eme gorgée de champagne où tout homme est un aristocrate ».
"Le Fait du Prince" d’Amélie Nothomb - Ed. Albin Michel - 15,90 euros.
Prochaine lecture : "Le Montespan" de Jean Teulé.
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