Souvent les suites c’est pas la joie. Ils sont rares les films dont les suite en viennent à surpasser le premier opus.
Faire une suite c’est avant tout un point de vue de producteur. Vous connaissez “Citizen Kane 2″ ? “Tess 2″ ? “Barry Lyndon 2″ ?…
Quand un producteur ne peut pas faire de suite, il pioche dans le remake. N’oublions pas: tous les films sont des prototypes et le rêve des producteurs est de lancer une franchise genre “L’Arme Fatale” (qui dans son scénario original signé Shane Black contenait déjà les deux premiers Opus…) ou Vendredi 13… (Vendredi 1, Vendredi 2, Vendredi 3…jusqu’à 13 ?)
Donc quand on a découvert la suite du film de Danny Boye “28 jours Plus Tard” par un inconnu originaire des Canaris Juan Carlos Fresnadillo, on avait de quoi rester perplexe…
Ouh la claque !!! JCF avait bien prévu son coup. On l’a pas vu arriver !
Sa mise en scène propose des plans jamais vu, des caméra embarqués des images grandioses…
“28 Semaines Plus Tard” est à la fois ultra moderne dans son fond et dans sa forme.
Alors pourquoi “28 Semaines plus tard”… quoi ? Bon reprenons:
-Jour 1: Londres un virus mutant de la rage est libéré. On est contaminé en 10 secondes et c’est la Rage Pure !
-15 jours plus tard: toute la Grande Bretagne est en quarantaine.
-28 jours plus tard: la Grande Bretagne a été détruite par le virus de la rage (C’est le film de Danny Boyle)
-5 semaines plus tard: les infectés sont tous morts de la faim.
-11 semaines plus tard: un détachement des forces de l’OTAN mené par les USA entre dans Londres
18 semaines plus tard: la Grande Bretagne est déclarée non infectée
24 semaines plus tard: la reconstruction commence, les immigrants arrivent et naturellement c’est là qu’il y a poil dans le potage.
En six mois, le virus de la rage a détruit la population de la Grande-Bretagne dans sa quasi totalité. Sous la supervision de l’armée américaine, on procède au repeuplement, d’abord en ramenant les extradés. C’est ainsi qu’Andy, 12 ans, et sa grande soeur Tammy, retrouvent leur père, miraculeusement épargné par la pandémie sanglante mais porteur d’un lourd souvenir: celui de son épouse tombée sous ses yeux, et en partie par sa faute, sous l’assaut des infectés.
Tandis que l’aseptisation de Londres se poursuit, les citoyens sont localisés dans le centre-ville, avec interdiction formelle de franchir la Tamise. Interdiction défiée par Andy et Tammy, désireux de revoir leur domicile, où contre toute attente ils retrouvent leur mère, saine et sauve. Du moins en apparence…
L’angoisse va monter lentement. L’horreur absolue va se déclencher d’un coup. La douleur. La terreur.
“28 Week Later” c’est un peu Space Mountain Mission II avec un pace maker défaillant. On s’accroche mais on ne sait pas si on va survivre au prochain looping.
C’est surtout un film triste avec son thème musical lancinant répétitif qui monte en creshendo et vous laisse pantois.
A quoi bon lutter… Déjà les avions sont envoyés , Londres est bombardé au napalm…
La BO de John Murphy (il reprend son superbe thème de 28 Jours “In the House - In a Heartbeat”) est bien ancrée dans les lignes de basse, prenante, addictive, en harmonie avec les touches d’ombre dans l’image.
La photographie est quelque fois surexposée, donnant un grain et un effet qui vient saturer tel ou tel personnage, oscillant entre l’ombre et la lumière, la mort imminente et l’instinct de survie.
Véritablement film punk “no future”, le travail de Juan Carlos Fresnadillo est tellement ténébreux dans le fond et même si dans la forme il ne cesse d’innover avec de belles images techniquement très novatrices. Par exemple il privilégie l’utilisation de la Sky Cam (caméra montée sur des micro hélicoptères radio commandés) ou bien encore l’”Infected Cam” on est littéralement perché sur l’épaule d’un enragé pendant sa course sanglante. On pénètre alors dans l’espace claustrophobique, soi-disant de sécurité, ou résident les non-contaminés. Il y a alors des effets stroboscopiques et d’images rémanentes qui participent de l’ultra-tension de la séquence, c’est une vraie boucherie suggérée. Scène vraiment flippante, on distingue plus qu’on ne voit dans ce sous-sol sans issue et Dieu sait si la suggestion au cinéma, voire chez Jacques Tourneur et autres, est diablement plus efficace qu’une démonstration trop tape-à-l’oeil.
Et puis surtout comment ça court vite, un enragé ! Alors force est de constater que des milliers d’enragés se tirant la bourre en hurlant, ça fout vraiment les chocottes !
Et vous en aurez pour votre argent ! Le scénario évite les répétitions et monte les enchères à chaque nouvelle séquence. Vous aurez même un bel hommage à une certaine scène de “Brain Dead” (la tondeuse) qui jusqu’alors n’avait pas été égalée dans sa radicalité !
Dans le montage, C’est très violent sans faire du freestyle MTV ou du bégaiement prétentieux à la Michael Bay et ça fait vraiment plaisir. Violent mais fluide. C’est tout l’opposé du montage de Quantum of Solace par exemple.
Juan Carlos Fresnadillo, cinéaste géographe-topographe-urbaniste sait cadrer sait filmer Londres abomidablement vidée de tous ses habitants (des plans vertigineux sur l’architecture high-tech des lieux), et il sait alterner des speed cuts spectaculaires avec des ralentissements de rempo, pour laisser vivre et souffler ses personnages (et les spectacteurs), avant la prochaine vague.
Après un parcours du combattant digne d’un “Aliens”, les toutes dernières images du film, imparables, absolues, vont laisser longtemps leur empreinte dans vos rétines. Un grand film. Profondément triste mais tellement beau. On dirait un morceau de Tricky.