Pitoyable business du 8 mars

Publié le 05 mars 2009 par Alain Hubler

Aujourd’hui, tout se recycle. Tout se recycle, surtout si ça peut rapporter de l’argent.

Que nenni, je ne vais pas vous bassiner avec ceux qui nous obligent à acheter plein d’emballages inutiles que nous devons ensuite stocker minutieusement dans nos petites cuisines avant de les déposer à la déchèterie. C’est déjà fait et la suite, ce sera pour une autre fois.

Cette fois-ci, je vais vous parler de l’un de ces événements qui jalonnent l’année : la Journée internationale des femmes.

Tout le monde sait plus ou moins que les événements comme Noël, Pâques, la Saint-Valentin ou encore le fameux Halloween ont été récupérés par les magasins, les restaurants et les marchands de tout poil pour en faire leur beurre.

Ce qui n’avait pas encore ou peu été, à ma connaissance, récupéré, c’est la Journée internationale des femmes. Eh bien, mes chers, c’est fait. Et devinez par qui … Par un marchand de produits cosmétiques : j’ai nommé Yves Rocher.

Un Yves Rocher qui n’y va pas avec le dos de la cuillère et qui revendique pour les femmes (enfin la femme, parce qu’il n’a pas tout compris à la différence entre la femme et les femmes) le droit, oui vous avez bien lu un droit, à la … beauté !

Et attention, pour le marchand de cosmétiques, les revendications sont claires : « Oui à la beauté ! », « Belles oui, ruinées non », « Pour que la beauté soit accessible à toutes les femmes » et enfin : « On veut tous les jours une journée de la femme ».

Ben voyons !

Chacun aura compris que ce dernier slogan ne vise pas à obtenir l’éradication des inégalités femmes hommes dans les domaines professionnels ou sociaux, mais bel et bien des jours qui se suivent et se ressemblent au cours desquels un maximum de femmes accourent dans les boutiques de sa marque pour y acheter le plus possible de cosmétiques.

Tu parles d’un bond en avant de la condition féminine, tu parles d’une avancée de l’égalité femmes hommes. Tu parles d’un programme qui nous renvoie à Rousseau qui affirmait : « Toute l’éducation des femmes doit être relative aux hommes. Leur plaire, leur être utiles, se faire aimer et honorer d’eux, les élever jeunes, les soigner grands, les conseiller, les consoler, leur rendre la vie agréable et douce : voilà les devoirs des femmes dans tous les temps, et ce qu’on doit leur apprendre dans leur enfance. »

Pour Yves Rocher, les revendications féminines se limitent donc au droit, entendez plutôt par là au devoir, d’être belles pour pas cher. Tout le reste, il s’en fiche.

Il s’en fiche tellement des droits des femmes que le fabricant de cosmétiques n’a pas hésité, en 2005, à licencier sans préavis et sans explication, les 133 femmes burkinabées de La Galicienne.

Tout bien réfléchi, « Sois belle et tais-toi » serait un slogan plus proche des valeurs de l’entreprise.