L’ouverture d’un site promettant aux élèves paresseux de faire leurs devoir à leur place fait couler beaucoup d’encre et de pixels depuis deux jours (voir par exemple cet article publié hier par Rue89). Les associations de parents s’émeuvent (lire le communiqué de la PEEP, qui rappelle au passage que les profs ne sont pas suffisamment idiots pour constater que le travail n’est pas l’œuvre de l’élève). Bref, ça met un petit courant d’air dans le Landerneau pédagogique. C’est surtout du grand n’importe quoi :
◊ Les prix annoncés vont de 5 à 80€. Les gamins ont déjà pu ouvrir des comptes et acheter par avance des sortes de tickets pour financer leur paresse auprès de quatre enseignes parisiennes. Première constatation : le site s’adresse aux gosses friqués de Paris, qui ont envie de mettre leurs pépètes là et pas dans une console de jeu, un iPhone ou un scooter. Faut vraiment avoir beaucoup beaucoup de sous. Plus j’observe mes élèves, plus je me rends compte qu’aux yeux de certains d’entre eux, l’école ne mérite aucun sacrifice, et surtout pas celui de ses loisirs.
◊ Comme le rapporte le communiqué de la PEEP, les profs vont très vite s’apercevoir que les devoirs rendus ne sont pas des travaux d’élèves. Réalisés apparemment par des étudiants de grandes écoles (du moins d’après ce que j’ai pu en lire), il est bien évident que le niveau de langage ne sera pas le même que celui d’un jeune de 14 ans, même si les auteurs font un effort d’adaptation. La probabilité que l’élève recopie le devoir avec des erreurs n’est pas nulle non plus.
◊ Ça ne marche que si le prof a donné un devoir maison et pas un devoir sur table : en clair, apprendre ses cours et s’entraîner en faisant des exercices restent indispensables. Ça ne marche aussi que si le délai pour remettre le devoir est suffisamment long : l’exo de maths du lundi pour le mardi ne pourra pas être traité pour des raisons pratiques.
En clair, et indépendamment du fait que ce site web n’est qu’un coup marketing qui ne s’adresse qu’aux gosses de riches, c’est surtout un site voué à l’échec parce-que jamais il ne permettra à un candidat d’avoir ses examens ou à un élève de réussir un devoir sur table. C’est une arnaque, ni plus ni moins, dont l’effet pervers pourrait venir de certains parents, tellement angoissés par la scolarité de leur progéniture qu’ils seraient bien capables d’acheter eux-mêmes les fameux devoirs clé en main. On prend les paris ?
Illustration de cette note : copie d’écran de la page d’accueil du site en question, attrapée aujourd’hui même un peu avant 9 h.
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