Lors de l'exposition Ivoires d'Afrique en 2008, Ezio Bassani, commissaire de l'exposition, présentait des très belles pièces (olifants, salières, couverts...) en provenance de la Sierra Leone, du Nigeria et de l'embouchure du Congo.
Ces « ivoires afro-portugais » étaient pour l'essentiel des commandes des cours européennes et ce dès la fin du XVème siècle.
En Guinée et Sierra Leone, ce sont les populations Kissi, Kono et le long de la Côte de Sierra Leone, les Sherbro, les Temne, les Mende, les Bullom qui travaillaient l'ivoire. Ces dernières sont regroupés sous le nom générique de Sapi.
L'examen du détail de cet olifant des collections du Musée Calvet d'Avignon souligne qu'au-delà des thèmes de chasse, très nombreux sur les olifants et relevant d'une iconographie européenne, sont représentés des éléments figuratifs proprement africains.
Ainsi en est-il de ce personnage doté d'une fraise dont le visage présente des yeux globuleux, un nez busqué et de larges narines.
Ezio Bassani, lors de l'exposition Ivoires d'Afrique, avait alors exposé parmi les ivoires, un petit personnage en stéatite, un nomoli, présentant de grandes affinités stylistiques avec la figurine de l'olifant.
Gaëlle Beaujean-Baltzer reprend cette mise en parallèle et s'interroge sur le fait de savoir si les ivoiriers travaillaient également la pierre.
La coïncidence des formes est effectivement troublante. Les caractéristiques : une tête toujours dolichocéphale, des yeux protubérants et des narines élargies et aplaties, reviennent de manière récurrente chez les nomoli.
L'usage de ces statuettes qu'on ne sait pas dater, retrouvées dans le sol, demeure énigmatique. Certaines présentent une cavité au sommet de la tête et l'on pourrait songer qu'elles étaient destinées à accueillir des substances médicinales, magiques.
Photos 1 et 2 : Musée Calvet, Avignon.
Photos 3 et 4 : Musée du Quai Branly.