«Toute l'année 2009 sera une année de crise» ... pour qui ?

Publié le 05 mars 2009 par Juan
François Fillon a dû justifier mardi 3 mars le réajustement, à la baisse, de ses prévisions économiques, et la dégradation des comptes publiques.
Des comptes plombés ... pour quoi ?
La situation semble paradoxale. Le plan français de relance est critiqué pour sa modestie face à l'ampleur de la crise: à peine 4 à 5 milliards d'euros ont ete véritablement dégagés pour soutenir directement la consommation. Le solde des 26 milliards d'euros annoncés en novembre dernier file dans une anticipation d'investissements publics et une facilité de trésorerie accordée aux entreprises. Les 2,6 milliards d'euros de mesures sociales complémentaires présentées par Nicolas Sarkozy le 18 février dernier ne sont qu'un redéploiement pour l'essentiel. Comment le déficit public peut-il ainsi déraper à 5,6% du PIB ? Fillon a révélé qu'il attendait le déficit budgétaire froler les 104 milliards d'euros en 2009, quand le budget de l'Etat le prévoyait initialement à environ 52 milliards.
Première explication, le premier ministre met en avant la récession qui frappe l'économie française. A l'automne dernier, quand la loi de finances pour 2009 fut votée, l'imprudente Christine Lagarde tablait encore sur une légère croissance à +0,2% à +0,5%. A l'époque, le gouvernement français était déjà bien seul en Europe à croire à un ralentissement économique aussi modeste. Droite incompétente ? Selon Fillon, cette récession coûterait quelques 20 milliards d'euros de manque à gagner de recettes fiscales. Deuxième explication avancée, le plan de relance pèserait pour 30 milliards d'euros de dépenses imprévues dans le budget de l'Etat. C'est là que le bas blesse. D'où viennent ces 30 milliards ?
Sans faire prétendre être expert en comptabilité publique, il nous semblait que des dépenses d'investissements s'amortissaient sur plusieurs années. La vingtaine de milliards d'euros engagées dans un milliers de projets publics ces dernières semaines ne devrait pas peser intégralement dans le budget de l'Etat cette année. De surcroît, certains de ses investissements sont partiellement supportées par des entreprises publiques, dont seuls les résultats déficitaires amputent le budget public. En fait, les explications avancées (par la presse) sont de plusieurs ordres, sans que l'on parvienne à retrouver 30 milliards d'euros de dépenses imprévues :
  • 6,5 milliards de prêts pour le secteur automobile, qui "seraient, a priori, comptabilisés comme une dépense pour l'État, même s'ils rapporteront aussi des intérêts" (dixit Le Figaro)
  • 850 millions d'euros de nouvelles dépenses "sociales", le solde des 2,6 milliards annoncées le 18 février étant de simples redéploiements.
  • 580 millions d'efforts pour l'outre-mer, suite aux mouvements de grève aux Antilles. Une somme qu'Yves Jego a porté à 850 millions d'euros mardi 3 mars.
  • Les aides de l'Etat à la presse pour 200 millions.
  • Le déficit de la Sécurité Sociale grimperait de 7 milliards d'euros, pour s'afficher à 15 milliards.
Au total, l'addition parvient péniblement à 17 milliards d'euros. Où est passé le reste ?
Des comptes plombés ... pour qui ?
Le premier ministre s'est montré en revanche d'une "relance" indirecte par la baisse des prix: «Les prix ont baissé en moyenne de 0,2% par mois les trois derniers mois et l'inflation est à -0,4% le mois dernier, donc les prix baissent». Cette déflation - si elle se confirme - renforce pourtant très provisoirement le pouvoir d'achat des ménages. Pour faire simple, la déflation dégrade habituellement un peu plus la situation des entreprises, aggravant leurs difficultés et donc le chômage.
François Fillon confirme qu'il ne changera pas de cap quant à la réduction des effectifs de la Fonction Publique: «Bien sûr qu'il s'éloigne. Le but est de revenir à un déficit au dessous de 3% en 2012. Nous allons devoir continuer la politique qui consiste à ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux.». Ce n'est pas un sondage récent, qui révèle l'attachement des Français à la qualité de leurs services publics, ni la situation gravissime de l'mploi qui ne le feront changer d'avis. Du moins, pour le moment.
Les véritables perdants de cette récession seront inévitablement ... les générations futures. la dette publique de la France est estimée à 80% du PIB en 2010, un niveau bien éloigné des critères du Traité de Maastricht (60% du PIB).
Pour information, rappelons que l'Allemagne terminait son année avec un léger excédent de +0,1% de son PIB en 2008, quand la France partait déjà plombée à l'assaut de la crise avec un déficit budgétaire à 3,2% du PIB... &alt;=rss