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J’étais à la bibliothèque et je cherchais un auteur québécois à découvrir. Bryan Perro était sur ma liste. Je ne voulais pas nécessairement me taper une brique de 500 pages, ne sachant pas trop à quoi m’attendre. Il était un maître du conte et histoires frôlant le Fantasy et ce n’est pas ma lecture de prédilection, disons que je suis un non-initié, mais y faut ce qu’il faut. Que ne fût pas ma surprise en voyant sur la tablette de la collection mobile un petit livre de 125 pages des éditions Les intouchables intitulé Mon frère de la planète des fruits signé Bryan Perro.La suite de son premier roman La marmotte.Ca y’est, c’était sur mesure pour moi et me revoilà parti avec le bouquin sous le bras.
Dès les premières pages, j’ai compris que je ne me dirigeais pas du tout vers un style que je m’étais fixé d’avance. J’ai été charmé par cette histoire écrite avec un langage simple et saccadé. Le langage d’un homme frappé par une maladie mentale depuis sa naissance et enfermé dans un asile où vivent de bien drôle de personnages. Pour s’expliquer sa différence, le héros de l’histoire se convainc qu’il a un poisson à la place du cerveau et qu’il s’amuse à bouffer tous les sons et toutes les pensées qui circulent dans sa tête, le laissant à sa tâche qui lui est incombé, soit de ralentir le temps pour contrebalancer la vitesse à laquelle le monde de l’extérieur se débattait à tous les jours.
Dans un récit plein de métaphores et de clins d’œil s’y glisse un relent de tristesse et de désespoir. Se transporter dans la tête d’un schizophrène, dans la tête d’une âme qui cherche à trouver une raison à son existence , dans la vérité qui se camoufle dans ces maisons, dites de fous, n’était pas une tâche de tout repos et Perro réussit à nous y vautrer dans une ambiance d’humour et de questionnement profond. Bravo, j’ai été bêtement charmé par ce petit livret qui a vraiment l’air de rien. J’étais loin d’un conte à la Wariwulf , un bijou de trouvaille. Vivement Perro.