Valérie Pécresse a commencé à lâcher du lest. Mais pour une partie du mouvement universitaire, ce n’est pas suffisant. Une nouvelle manifestation est prévue demain pour l’encourager à être plus «généreuse».
« Je ne veux plus voir les enseignants, les chercheurs et les étudiants dans la rue ! Fini le projet de décret. Fini aussi la suppression des IUFM. Vous me réglez ça. Vous vous couchez. (…) S’il le faut, vous n’avez qu’à faire rédiger les textes par les syndicats, mais qu’on passe à autre chose ! On a bien assez de problèmes comme ça. De toute façon, ce n’étaient que des projets de merde. » Le poète en herbe caché derrière cette tirade n’est autre que Nicolas Sarkozy. C’est en tout cas ce que prétend Le Canard Enchaîné dans son édition du 4 mars. Il aurait prononcé cette homélie ce week-end, devant ses très inspirés conseillers « éducation ».
Mais il suffisait déjà d’observer le retour à la manœuvre de Valérie Pécresse, dès vendredi, pour comprendre que le recul était déjà engagé. La nomination d’une médiatrice dans ce dossier début février était un premier signe encourageant pour les syndicats. L’annonce, mercredi dernier, par Matignon, qu’il n'y aurait pas de suppressions de postes dans l’enseignement supérieur en 2010 et 2011, allait dans le même sens.
Le bruit des manifestants contre le « bruit pour rien » de la ministre
Vendredi, donc, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a reçu successivement présidents d’universités et syndicats pour entériner la mort du décret modifiant le statut des enseignants-chercheurs tel qu’elle l’avait voulu. Hier, ces mêmes syndicats avaient à nouveau rendez-vous avec l’étoile déchue de l’UMP. Après de longues heures de réunion, les deux parties ne sont pas parvenues au bout de l'exercice de réécriture. Mais ce n’est qu’une question de jours. Car le 6 mars, Valérie Pécresse reprend les mêmes et recommence.
Mais pour certaines organisations, ce n’est pas suffisant : réécrire un décret n’est pas le retirer. Selon elles, plusieurs autres sujets doivent également être mis sur le tapis comme l’abandon de la fameuse masterisation de la formation des enseignants et l’arrêt du démantèlement des organismes de recherche. Sauvons l’université considère, par exemple, que ce qu’a initié Valérie Pécresse en fin de semaine dernière est une « discussion » et en aucune manière une véritable « négociation ». Bref : « beaucoup de bruit pour rien ». Le SNESup, le syndicat majoritaire de l’enseignement supérieur, trouve lui aussi « caduc » le « processus engagé vendredi ». Ces dirigeants — qui ont refusé de rencontrer Valérie Pécresse jusqu’à ce qu’elle leur fasse des courbettes épistolaires — expliquent vouloir « mettre à l’épreuve le gouvernement sur sa volonté de sortir de la crise qu’il a lui-même déclenchée. » Et cette mise à « l’épreuve » commence dès demain : une nouvelle journée nationale de manifestation est prévue. Une de plus. Philippe MARX - Agir ! Réagir !