Politique intérieure américaine: Obama pousse pour que son plan de relance passe au Parlement. Les Républicains font tout pour que cela ne passe pas, car ils jugent que le plus d’Etat et plus d’impôts est une recette de faillite assurée.
Il faut comprendre que bien qu’il n’y ait que deux partis, Démocrate et Républicain, il y a plus de mouvements. Coté démocrate, il y a un mouvement plus large appelé mouvement libéral. Hasard des traductions « libéral » en France veut dire libéral économiquement, donc orienté à droite, alors que « libéral » aux Etats-Unis veut dire libéral socialement (droit à l’avortement, mariage homosexuel, etc.), donc orienté à gauche. Coté républicain, il y a un mouvement plus large appelé mouvement conservateur (opposition à l’avortement, au mariage homosexuel, moins d’Etat, moins d’impôts, etc.)
Le weekend dernier le mouvement conservateur en la personne de Rush Limbaugh, présentateur réputé, a fait rage contre le plan de relance et contre les quelques parlementaires républicain qui l’ont voté. Les conservateurs répètent à volonté qu’ils souhaitent qu’Obama échoue.
Rush Limbaugh, le plus populaire des présentateurs radio aux Etats-Unis. Son émission est diffusée sur quelque 600 stations locales et près de 14 millions d'auditeurs par semaine, Rush a pu se renégocier un contrat de $400 millions de dollars sur 8 ans.
Credit Spokesmanreview.com
La saga continue puisque le leader du parti républicain, Michael Steele, s’en est pris à Rush Limbaugh l’accusant de n’être qu’un show man, etc. Au final Steele a dû s’excuser auprès de Limburg de s’en être pris si vertement a lui, ce qui a alimenté les commentaires comme quoi le vrai leader du parti républicain n’est pas Steele mais Limbaugh.
Michael Steele, leader du parti republicain. Avant l'election d'Obama il était l'élu
noir de plus haut rang dans la vie politique américaine.
Credit The Denver Post
Luttes intestines à droite, rien de nouveau sous le ciel de la politique vous me direz, notre parti socialiste en est un merveilleux (et interminable) exemple.
Cela dit, ce qui m’a intéressée a été la réaction des démocrates. Ils se sont offusqués de ce que les conservateurs puissent désirer qu’Obama échoue et par la même les Etats-Unis. Réactions des commentateurs : depuis quand attaquer Obama c’est attaquer le pays ? Il se prend pour Louis XIV avec « l’Etat c’est moi » !
Caricature dObama, l'Etat c'est moi. Le "o" de "moi" reproduit le logo de campagne d'Obama.
Credit The Brown Spectator
Quel contraste ! De fait, en France, attaquer le président, quel qu’il soit, c’est attaquer la France. Certes, la jurisprudence tranche entre attaques contre la personne et attaques contre la fonction de président, seules ces dernières étant interdites. Mais le fait est que la fonction de président est protégée, ce qui aux Etats-Unis apparaît comme une aberration en soi, un excès des temps monarchiques.
Statue du vrai Louis XIV chez lui à Versailles
Credit Anesia Rachmadewi
Il est clair que les démocrates eux-mêmes ne pensent pas que la fonction présidentielle doive être protégée. Ils s’appuient simplement sur le fait que pour l’instant la quote de popularité du président est toujours autour de 60%, ce qui en soi est remarquable.