Extrait .. " L’Alfa Romeo de Jérémie Prokosch, le mauvais génie fait mécanique, la première lettre grecque associée à la figure funeste de l’amant romantique, vient zébrer l’écran et séparer Paul et Camille (rappelant Hélène et Pâris, Tristan et Iseult et forcément Roméo et Juliette). L’engin prend ici l’acception de genius, de celui qui vient présider à la destinée des hommes : puissance divine, décideur du devenir de l’humanité. Le thème du genius gouverne le film. Mais la voiture, par sa mécanique extraordinaire, hors du commun, symbolise aussi le génie créateur, renvoie aussi à l’ingenium qui, comme le rappelle Yves Hersant, « est rattaché traditionnellement à ingenerare ou à gignere, « enfanter, faire naître1 ». Cette voiture n’est-elle pas en effet celle du producteur, celui qui est censé faire naître ? La trinité engin-genius-ingenium parcourt le film de Godard, et le livre de Marc Cerisuelo, dessine, à travers subtilités et références interfilmiques, la figure d’un film singulier en ce qu’il échappe à l’humain et met en scène des personnages recouverts chacun d’un masque du génie. L’histoire serait celle-ci : une femme aime un homme, puis elle se ravise, elle ne l’aime plus. Elle le méprise même. Elle part en Alfa Romeo avec un autre homme et ils se tuent dans un accident. "
Jean-Luc Deschamps, professeur d’anglais, comédien.
CERISUELO Marc
Le Mépris
Les éditions de la Transparence, coll. « Cinéphilie », 2006.
Maître de conférences Cinéma
Universite de Paris VII
La source : http://www.cndp.fr/magphilo/philo17/mepris.htm
Le mépris sur Alfa vendée : http://www.alfavendee.com/tag/le%20m%C3%A9pris