Cyprien

Par Rob Gordon
Grâce à une affiche et à une campagne de promotion bien tournée, on a réussi à nous faire croire que Cyprien n'était pas que l'histoire d'un vieux puceau amateur de blondes à forte poitrine, mais également un traité de sociologie sur les geeks (ou plutôt les nerds, en l'occurrence). Mais Elie Semoun n'étant pas Kevin Smith, tout cela s'apparente à un bon gros mensonge juste bon à faire de la pub à un film qui traite la nerd attitude par dessus la jambe et en deux ou trois scènes (pas trop ratées d'ailleurs).
Passée la sympathique présentation d'un héros affreux, propre et gentil et la rencontre de ses amis venus d'ailleurs (qu'on ne reverra que très peu par la suite), Cyprien glisse rapidement dans tous les travers de la comédie populassière à la française, avec son script cousu de fil blanc, ses répliques téléphonées et sa morale béni-oui-oui. Allez, devinez : eh non, l'habit ne fait pas le moine, eh oui, la vraie beauté elle est à l'intérieur. Un peu léger pour qui était venu chercher une heure et demie d'humour con ou de geek attitude.
La fausse bonne idée du film, qui en atomise tout le potentiel, c'est ce scénario en forme d'aller-retour perpétuel entre l'ancien Cyprien et le nouveau Cyprien, plus beau, plus populaire, mais aussi moins aimable, tout cela par la grâce d'un déodorant magique dont on ignore comment il a été parachuté là. Les scènes avec le Cyprien "beau gosse", interprétées par un Semoun moins inspiré que lorsqu'il fait le bigleux, sont toujours d'un ennui fou et ne semblent être présentes que pour amener la morale pesante évoquée plus haut. À moins que ce ne soit pour masquer un cruel manque d'inspiration au moment de faire d'une petite-annonce d'une minute un film cent fois plus long ? Toujours est-il qu'à part son attachant premier quart d'heure, Cyprien se plante en beauté, et ce malgré une réalisation de qualité et quelques seconds rôles alléchants (et pas plus, car trop mal exploités). Celui qui arrivera à faire un bon film français sur la geek atittude n'est pas encore né. Tout comme celui qui parviendra à faire d'un héros de sketch le personnage principal d'une bonne comédie française. On a encore beaucoup à apprendre de certains de nos voisins britanniques et américains.
3/10