Jérémiades ampoulées. Crise sur la perte de contrôle et d’indépendance. Scandales déjà murmurés sur les futures coupes sombres dans les effectifs. Comparaisons internationales courtes et hâtives. Grincements de dents plumitives et préludes à des règlements de comptes internes à OK La Grande Tour de l’avenue de la Gare.
Que n’a-t-on pas entendu depuis que hier matin Edipresse a vendu son âme et surtout les bijoux de sa famille au groupe TAMedia.
Mais qui pourrait en vouloir aux gentils patrons de presse désireux de réaliser la mise avant que celle-ci ne s’effrite. Car il ne faut pas s’imaginer qu’on a affaire à un regroupement stratégico-subtil : c’est beaucoup plus simple que ça. Le gros mange le petit, car le petit péclote à différents endroits et sur différents marchés et à trop vouloir pécloter il allait finir par devoir être conduit aux urgences.
On oublie en effet un peu trop les ratages de l’an passé avec notamment déjà quelques conséquences sévères dans le Nord Vaudois dans lequel 24heures a perdu de sa superbe et de son influence. On oublie aussi que d’avoir lancé deux gratuits aussi inintéressants l’un que l’autre allait forcément faire mal, et faire mal au plus faible.
Beaucoup se sont préoccupés du Temps qui risque de posséder une âme capitalistique aux relents un peu schizophréniques. Mais le Temps a sa place, sa cible et surtout sa qualité intrinsèque. Tout au plus peut-on se demander à quoi jouent ses infographistes et quel modèle économique ils sont priés de suivre. Pas très clair ces temps … avec sa nouvelle maquette mobile et déroutante.
Celui dont on n’a curieusement pas parlé hier est le Matin. Le bon vieux Matin “historique” orange soi disant vitaminé et qui sent la clope et le café. Cette feuille de chou qu’on peut parcourir en entier en cinq minutes tout en entretenant une conversation suivie avec son voisin. Ce titre qui ne sait pas non plus trier entre une nécessaire adaptation aux nouvelles technologies et les exigences minimales de la qualité. Ce Matin là est sans aucun doute, dans sa forme actuelle, purement et simplement condamné à terme.
Ne parlons pas de ses abonnés, qui sont bientôt tous des institutionnels “obligés” de le recevoir, mais surtout de ses lecteurs et de leur façon visible de se détourner de ce que le titre est devenu sous les bons soins de Peter : un machin qui ne réfléchit surtout pas, qui interdit de penser et qui ne doit surtout pas alimenter autre chose que la rumeur et la discussion du café du commerce.
Sans compter son iconographie actuelle qui fait penser aux pires heures du Blick. Même avec un coup de canif mortel dans le contrat Publicitas, le Matin va vraisemblablement devoir céder sa place en semaine au futur gratuit unifié, pour se concentrer, si tout va bien, sur son édition mammouth du weekend, qui elle aussi perd des plumes sinon du poids.
Tout ceci pour dire que le public n’est pas dupe : il ne soutiendra pas le Matin, pour cause d’insuffisance notoire de qualité. Et comme les managers de Zurich ne vont pas considérer qu’il s’agit “d’un titre régional à protéger absolument”, la journée de hier était pour lui comme un avis mortuaire.
En l’état actuel des choses il sera bien difficile de le pleurer.
Billet du blog ouVertures.info, une autre lecture de l'info. Reproduction selon conditions.
Vous pouvez lire aussi :