Ah la grogne farceuse de Régis Debray ! À la fois grave et facétieuse.
Son coup de gueule récent contre le jeunisme m’amuse, autant que ses propositions ironiques pour en finir avec le papy-boom (« Le plan Vermeil – Modeste proposition » aux éditions Gallimard). À nous les sexagénaires et au-delà, le Régis en mal de moustaches (une pétition circule sur la toile pour en demander le retour), propose de réhabiliter une zone perdue du Larzac en parc d’attractions pour les vieux en fin de vie. Un territoire autonome, Bioland, sur les terres d’élection du moustachu faucheur : du pur Debray iconoclaste toujours en errance entre le Che et la médiologie.
Le Debray qui n’en finit pas de réinventer sa vision d’une république puisant sa source dans le sacré me semble plus intéressant. Il rend lucide quand il affirme qu’il faut que les hommes aient en commun quelque chose de plus grand qu’eux – un dieu, une nation, un idéal une journée mythologique dont ils se souviennent ensemble. Non pas que cela soit forcément bien à ses yeux, n’en déplaise aux censeurs de tous bords prompts à lui coller l’étiquette de réactionnaire. Mais, à ne pas voir ce qui nous promène entre le « moi je » et le « nous », on se condamne à être c… Jeune c… Vieux c… Ou c… sphérique
Son dernier ouvrage, « Le moment fraternité » aux éditions Gallimard, marque le retour du grand Debray, soucieux une fois encore de démythifier nos envolées pétries de raison sans raisons et nos lyrismes politiques. Bien que son auteur s’en défende, il fait ventre - au sens des conjugaisons d’ondes chères aux physiciens - avec la « fraternitude » ségolienne qui fit tant jaser et dauber. Quand il écrit « Une évasive fraternité continue d’orner nos frontons,…