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En 1761, L'Utile, un navire français chargé de ravitaillement pour l'île Bourbon, balottédans la tempête qui fait rage,s'échoue sur un bloc de corail,battu par les vents, perdu au milieu de nulle part dans l'océan Indien. A son bord, l'équipage avec à sa tête un capitaine entêté et un second à deux doigts de se mutiner mais aussi une cargaison pas comme les autres: des esclaves, ils sont cent soixante! C'est pour échapper à une mauvaise rencontre de contrôle que L'Utile a préféré remonter vers le nord avant de rejoindre sa destination et c'est en raison d'une querelle de carte marine que le drame est arrivé!
Après le naufrage qui voit la disparition de nombreux marins et esclaves, l'enfer accueille les rescapés sur un bout de terre, quasiment inconnu, peuplé seulement d'oiseaux marins et de tortues.
La vie s'organise de manière à ne pas sombrer dans la folie et l'exaspération du confinement à l'air libre, sous la houlette ferme de Castellan, le second. Ce dernier a vu disparaître son petit frère et doit prendre en main les recherches en eau potable: les gallons d'eau ont pu être récupérés mais les réserves sont minces et le soleil cogne dur.
Irène Frain relate, sobrement et avec précision, ce désastre humain, soigneusement consigné par un narrateur anonyme et conservé dans les archives de la Marine.
La cohabitation entre Noirs et Blancs s'organise tout comme les préparatifs pour quitter l'île: la récuparation des morceaux de l'épave, les plongées pour remonter les coffres à outils et autres objets précieux pour la survie, se font au rythme des marées. La période des ouragans s'approche à grands pas, la prame se construit à l'aide des esclaves et de quelques volontaires parmi l'équipage. Peu à peu, une évidence se fait jour: les Noirs et les Blancs sont identiques, sont des êtres humains à part entière ce qui secoue les consciences....du moins celle de Castellan.
Mais un nouvel écueil se présente: la prame, le bateau construit de bric et de broc, s'avère trop petit pour embarquer tout le monde. Castellan se voit contraint d'abandonner, le temps de rejoindre Madagascar et armer un nouveau navire, les esclaves sur l'île battue par les vents. Il se passera quinze longues années avant que Tromelin, un capitaine de la corvette La Dauphine, accoste sur l'île et vienne sauver les esclaves abandonnés. Elles ne sont plus que sept femmes dont une avec un nourrisson au sein.
"Les naufragés de l'île Tromelin" est un récit sur le fond intéressant et qui cependant n'a pas réussi à m'enthousiasmée lors de sa lecture. Pourtant, cet épisode mal connu de l'histoire maritime française a participé à l'abolition de l'esclavage et à éveiller les consciences devant l'inhumanité d'une telle pratique. Sans doute, est-ce du au recul du récit historique et aux informations succintes qui n'offrent pas la possibilité d'étoffer les personnages pour leur donner une dimension romanesque. Toujours est-il que j'ai eu un mal fou à entrer dans l'histoire, malgré les superbes descriptions de cet îlot sauvage, inhospitalier, presque invisible, quasiment une porte ouverte sur l'enfer des vents et des déferlantes. C'est ce que j'ai préféré: l'approche lente et douloureuse de l'île, minuscule point sur les cartes, le règne sans partage de la nature réduite à sa plus simple expression: l'eau, le vent, les oiseaux et les tortues, quelques arbustes résistants aux assauts inlassables des vents des terres australes. Et ce sont ces images oscillant entre les bleus les plus sombres et les verts les plus clairs traversés de fulgurances d'écume blanche qui me resteront, pour le reste, je suis hélas passée à côté.
Je remercie Suzanne de Chez les filles pour cette lecture.
Les avis de constance cathulu du Télégramme
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