Au début de l'été, l'un de vous m'a posé cette question : "Le "travailler plus pour gagner plus" va-t-il diminuer ou augmenter le chômage ?". La réponse dépend de l'horizon et des impacts économiques.
A court terme, cela va détruire des emplois. J'appuis mon raisonnement sur un fait d'actualité où une entreprise américaine implantée en France a présenté à ses salariés un projet de réorganisation. Au programme : 39 heures payées 35 et près de 500 postes supprimés. Ici, non seulement travailler ne va pas rapporter plus mais cela va générer de nouveaux chômeurs. Bien sûr, le contexte de l'usine, les conditions économiques, etc peuvent expliquer cette démarche.
Je vooudrai rappeler que dans les années 90, nombre d'entreprises proposées la démarche inverse. Des usines en difficulté pour faire face à une baisse d'activité proposaient une réduction de temps de travail mais aussi de salaires (en proportion) pour éviter des licenciements. Ce sont ces pratiques qui ont nourri la réflexion des 35 heures. Pas seulement, mais cela a aussi jouer.
A court terme, travailler plus revient effectivement à ne pas traduire une hausse d'activité par un nouvel emploi. Donc à maintenir le niveau de chômage. Pour créer un emploi, il faut que cette hausse d'activité soit pérenne ou du moins couvre une certaine durée en mois ou soit réccurrence. Enfin, le volume de la hausse compte aussi. Une heure de travail en plus cela ne va permettre la création d'un emploi. mais si c'est plusieurs salariés qui travaillent une heure de plus... Là la question peut se poser avec dans un premier un emploi à temps partiel. Bref à court terme, travailler plus prive l'économie de créations d'emplois plus importantes.
A moyen et long terme, si travailler plus engendre bien une hausse de salaires proportionnelle. Cela donne des revenus supplémentaires aux salariés qui les utilisent pour améliorer leur niveau de consommation. Consommant plus ou élargissant la gamme de produits achétés, les salariés peuvent par ce biais offrir de nouveaux débouchés pour le sproduits et services des entreprises. Du coup elles décident de produire plus pour accompagner le mouvement. Et par voie de conséquence, elles peuvent être conduites à créer des emplois. Mais ce circuit économique ne fonctionne qu'à moyen terme. Les entreprises ne vont pas créer d'emplois si la hausse des ventes s'inscrit dans un mouvement durable.
Bref, le "travailler plus pour gagner plus" est pour l'heure une idée séduisante sur le papier. Dans quelques mois, la réalité devrait être moins attractive.