Petit détour historique vers les origines du concept d’hypertexte. En 1960, Ted Nelson, alors étudiant en sociologie, imagine un manipulateur de texte informatisé. C’est lors d’un cours d’informatique qu’il eut la vision d’un dispositif permettant de “manipuler des textes.” Les ordinateurs personnels n’existant pas encore, il travaillait alors sur l’IBM 7090, dont on peut apprécier ci-contre l’ergonomie sans égal et le faible encombrement (je veux le même dans mon salon !)
Ce qui retient l’attention dans cette invention imaginaire, est l’expression que Nelson utilisait pour la décrire. Il s’agissait d’un dispositif de « text handling », ou « manipulateur de texte » et non pas de « word processing » comme aujourd’hui, c’est-à-dire « traitement de texte ». En somme, une machine numérique qui donne au texte, paradoxalement, une consistance pour ainsi dire matérielle. Il s’agissait alors, par ce programme, de manipuler le texte comme un objet, pour le réviser, comparer les versions, et le retravailler.
Lier des textes parallèles
Cette photo montre la première application prototype, en 1972, de cette idée de texte parallèle. Les lignes représentent les liens entre morceaux de textes semblables ou « textes parallèles ». Ces connexions restent visibles, quand bien même un morceau du texte change de place ou bien si le texte défile dans la fenêtre. Il s’agit donc d’un dispositif virtuel qui rend le texte plus facilement malléable, plus flexible, plus plastique que sur le papier.
Cette idée fut à l’origine du projet Xanadu de Ted Nelson, système de publication et d’archivage universel et ancêtre du web qui n’a jamais vu le jour, sauf à l’état de prototype expérimental. Nous reviendrons plus tard sur ce qui constitue, encore aujourd’hui pour Ted Nelson, le graal d’un système d’information basé sur l’hypertexte.