Incarnation parfaite d’une mondialisation musicale particulièrement flagrante dans les sphères électroniques, le duo voyage non seulement dans l’espace, mais aussi dans le temps, en puisant son inspiration dans le disco, le dub, la techno ou la synth-pop des années 80. Cette abondance de citations finit d’ailleurs par handicaper Black Ships. Tandis que “AES-S3” paraphrase le mythique “E2-E4” de Manuel Göttsching, “Sepiaphone” sonne comme un hommage à l’un des plus célèbres groupes japonais, le Yellow Magic Orchestra. Et la liste des emprunts plus ou moins explicite pourrait se prolonger... Autre sérieux défaut : la plupart des tracks, à trop hésiter entre le dancefloor et le home-listening, se perdent dans un entre-deux un peu gênant, ce qui empêche ce premier album de décoller réellement.
Loin d’être indigent pour autant, il offre d’excellents moments, à commencer par le titre d’ouverture, “Powder Dreams”, et “Reincarnation”, tous deux marqués par des nappes de synthé tellement profondes qu’on croirait entendre des pastiches de techno de Detroit - un art de l’outrance dans lequel les Nippons sont passés maîtres. Pour le seul morceau vocal du disque, le binôme invite le poète Rich Medina à déclamer un texte intéressant qui s’éloigne du classique “Relax yourself and let your mind be free” et autres clichetons auxquels la house a trop souvent recours : “Not quite sure where I last lost my innocence/ Maybe I lost it on the road to manhood/ Why is it so hard to exercise due diligence/ Why does being bad feel so good ?”, etc. Finalement, même en ajoutant la montée deep-house de “Caballero”, le bilan reste très mitigé, et une bonne moitié du disque flirte avec la médiocrité et le soporifique.
A noter : Innervisions innove cette année en proposant un abonnement à l’année. Pour 102 euros (tout de même), vous pourrez recevoir les trois albums (dont celui-ci) et les sept maxis à paraître sur le label en 2009, plus quelques goodies. Une formule bien pensée, qui devrait faire des petits.
En bref : Black Ships aurait pu être un grand disque électronique s’il n’hésitait pas en permanence entre clins d’oeil au passé, euphorie techno et poses plus méditatives ou expérimentales. Admirablement réalisé, il propose quelques bons titres mais reste globalement décousu et assez décevant.
L’intégralité de l’album en streaming ici
Tokyo Black Star - Powder Dreams.mp3
Tokyo Black Star - Reincarnation.mp3
Leur Myspace
Le site et le Myspace du label Innervisions