Sarkozy cache les divisions de l'Europe
Nicolas Sarkozy a eu beau jeu d'annoncer un accord européen "sur le traitement des actifs toxiques". la vraie info était ailleurs. "L'Europe des riches" a refusé l'appel à l'aide de la Hongrie. Cette dernière réclamait un plan de sauvetage global pour les pays de l'Est. Pourtant, le risque systémique venant d'Europe de l'Est est grand. Ambrose Evans-Pritchard expliquait récemment sur Contre-Info comment les banques d'Europe de l'Est menacent le système bancaire occidental: "Si la classe politique mondiale ne la gère pas convenablement, la débâcle Est-Européenne est assez forte pour abattre les systèmes bancaires fragilisés des pays d’Europe occidentale et déclencher la deuxième phase de notre catastrophe financière."
Angela Merkel a exprimé son hostilité à un tel plan, évoquant "la situation très différente" de pays comme la Slovénie, la Slovaquie et la Hongrie. Elle a reçu le soutien du premier ministre estonien, Andrus Ansip, qui s'est lui aussi dit "fermement contre l'idée de créer un bloc". L'Eurosceptique Tchèque a enfoncé le clou: "Je ne crois pas que l'Europe de l'Est soit une région spéciale, je ne crois pas qu'il soit nécessaire de séparer plusieurs pays au sein de l'UE, je soutiendrai une aide de l'UE à tout pays (qui en a besoin), pas spécialement l'Europe de l'Est".
"Le Premier ministre hongrois, Ferenc Gyurcsany, plaide lui pour un plan d'aide spécifique en faveur des banques de l'Est, compris entre 160 et 190 milliards, bien au-delà des 24,5 milliards annoncés vendredi par la BEI, la BERD et le FMI, et impliquant également la Banque centrale européenne. La Hongrie est, avec la Lettonie, le pays le plus touché à l'Est par le manque de liquidités. "Nous ne devrions pas permettre qu'un nouveau rideau de fer ne divise l'Europe en deux", avait déclaré le Premier ministre hongrois Ferenc Gyurcsany à la presse à Bruxelles, juste avant le sommet de l'UE." (source)Sarkozy présente un plan obscur
Quelle est donc cette solution européenne aux "actifs toxiques" des banques européennes que Nicolas Sarkozy s'est empressé d'annoncer à la presse dimanche 1er mars ? En fait, on ne la connaîtra que le 20 mars prochain, lorsque la décision finale sera prise par le Conseil Européen. Pour le moment, le seul détail connu est que cet accord laissera une "grande flexibilité sur la détermination des actifs éligibles" mais qu'il procurera un "cadre européen de facon à assurer le bon fonctionnement du marché intérieur". Une annonce curieuse et inquiétante : quel est donc le rôle de l'Europe sinon d'encadrer des divergeances nationales ? Pourquoi laisser potentiellement chaque pays la liberté de décider ce qui est toxique de ce qui ne l'est pas ?
Il fut surtout cocasse d'entendre le président français avouer du bout des lèvres que la Suisse est un paradis fiscal, celle-là même qui accueille (entre autres) son ami Johnny Halliday: '"en l'état actuel des choses, sur la base de l'OCDE, la réponse est plutôt oui". Actuellement, l'OCDE ne considèrent que le Liechtenstein, Andorre et Monaco comme des paradis fiscaux non coopératif.
Il est enfin terrible de constater la faiblesse des réponses européennes, et notamment françaises, à la crise. Ce sommet de Bruxelles n'a débouché sur rien de nouveau. Jean-François Couvrat explique sur son blog que la crise est pourtant bien pire en Europe qu'aux Etats Unis : si l'on présentait les statistiques européennes à la façon des Etats-Unis, la production industrielle du dernier trimestre 2008 s'afficherait en baisse de 4,8% en France, 7,4% en Italie, et 8,5% en Allemagne (contre 6,2% aux USA). Et les plans de relance européens sont bien plus mollassons que la réaction outre-atlantique :
"Le plan Obama, qui dépasse 5% du PIB en 2009, ne réussira guère qu’à réduire de moitié l’ampleur probable de la récession, selon le prix Nobel d’économie Paul Krugman. Or le plan de relance britannique atteint péniblement 1,3 % du PIB, selon l’OFCE. En France (0,8%), en Allemagne (0,4%) et surtout en Italie (entre zéro et 0,1%) les réponses des gouvernements sont jusqu’à présent dérisoires."
Sarkozy oublie un Pôle emploi débordé
Le 28 octobre dernier, le président français promettait monts et merveilles à propos du nouveau "pôle emploi" issu de la fusion de l'ANPE et des ASSEDIC le 19 décembre. Depuis, le pôle emploi est débordé. L'Humanité relatait récemment comment en Aveyron les agents du pôle emploi traitent 160 chômeurs chacun. D'où l'appel à des agences privées d'intérim. Ce recours à ces services privés est très coûteux: d'après le SNU, le traitement d'un chômeur coûte 800 euros au pôle emploi, et près de 4000 euros chez ces agences. Le nombre de demandeurs d'emploi ainsi sous-traités est encore marginal, environ 50 000 actuellement. Mais l'explosion du chômage devrait changer la donne.Au cours des 6 derniers mois, le pôle emploi a recensé 296 000 demandeurs d'emploi supplémentaires. En janvier, le bond de +90 200 chômeurs résulte de trois facteurs inquiétants: hausse des inscriptions à Pôle Emploi, baisse des sorties du chômage et recul des offres d'emploi (- 30 % sur un an). Mais Sarkozy ne change rien aux moyens du pôle emploi.
Frédéric Lefebvre, le porte-parole de l'UMP, a même trouvé quelques bonnes nouvelles: il s'est félicité, mercredi dernier, de la bonne tenue de la consommation ! Janvier est le mois des soldes. Que les Français se précipitent pour acheter à bas prix, est-ce une bonne nouvelle ?
Pole Emploi recrute
envoyé par politistution&alt;=rss