Georgi Kornazov Horizons Quintet : Viara

Publié le 02 mars 2009 par Danydan

Présentation

Georgi Kornzov est un tromboniste de Jazz né en 1971 à Sevliévo, en Bulgarie. Après des débuts impressionnants dans le Jazz français de l'ONJ au « Strada Sextet » d' Henri Texier (où il rencontre Manu Codja ), il monte plusieurs groupes et sort des disques sous son nom depuis 2001, dont le dernier est ce « Viara » avec son Horizons Quintet composé d'Emile Parisien au saxophone, Manu Codja à la guitare, Marc Buronfosse à la contrebasse et Karl Jannuska à la batterie, qui est Canadien, comme son nom ne l'indique pas, bref des musiciens de Jazz venus de différents « Horizons » géographiques européens.

Son album "Viara"

Dès « Véronique », le trombone se montre puissant mais mélodique sur la guitare ductile de Manu Codja, puis de plus en plus Blakanique avec le saxo d'Emile Parisien (musicien parisien déjà apprécié du public et redouté des musiciens en Jam-sessions) à la Julien Lourau chez Bojan Zulfikarpasiç qui les ont tous deux précédés chez Henri Texier, à la limite du free et du balkanique mais toujours juste. Marc Buronfosse fut d'ailleurs le bassiste des premiers albums du « Bojan Z Quartet ». La guitare de Manu Codja a gagné en maturité avec les années, et rappelle celle d'un autre Jazzman d'Europe de l'Est, Gabor Gado, sur la frappe de Karl Jannuska. Le trombone revient, plus gueulard, presque aussi perçant et agile qu'une trompette tzigane, faisant oublier la lourdeur de l'instrument, en un fondu enchaîné vers le thème initial sur le beau fond sonore des autres. On sait dès ce premier titre que ces Jazzmen sont rompus au Jazz improvisé et aux traditions du monde.

Vidéo de "Veronique"

« Testament » est une ballade funèbre au trombone plus lent sur les accords atmosphériques de la guitare, puis le trombone se fait déchirant, bouleversant.

« Sianie ?Shining » (Lumineux) commence par une montée Coltranienne vers la lumière du saxo free de Parisien sur le groove de Januska et la contrebasse de Buronfosse, puis arrive un trombone aux effets de souffle riches et originaux, harmonieux ou à la sourdine tremblée, comme intérieure, proches d'un alphorn, puis criés, rythmiques, puis s'envole sur les trilles de la guitare plus Rock, aérienne de Codja pour un beau final improvisé. « Oblatsi - Clouds » (Nuages) est à nouveau plus méditatif, avec un bel unisson céleste dans les graves se mouvant sur les cymbales de Januska comme ces nuages.

« Viara ? Faith » (Foi) continue la course des nuages jusqu'au ciel sur les cordes, puis se révèle plus gai, majestueux et dramatique sur une batterie brésilienne et des accords de bossa électrique de Codja et un bon final de poursuite en fanfare entre trombone et sax.

A nouveau, « Na Marna ? To My Mother » (A Ma Mère) retrouve la mélancolie slave d'une superbe mélodie avec Codja citant courtement Bill Frisell dans l'introduction de « The Little Trumpet » de Michael Winter, puis s'envole en oiseaux de guitare jusqu'à la « Lune-Moon », thème magnifique où le trombone semble en refléter le mystère vers le ciel nocturne avec le saxophone à l'unisson et la guitare en embuscade sur une batterie aux roulements martiaux.

« Souvenir des Balkans » commence par une introduction méditative, mélancolique, puis le tempo se fait plus rapide, Balkanique, Tzigane, explorant dans le même thème les deux facettes de l'âme slave qui alternent agréablement d'un titre à l'autre du disque : la tristesse et la joie, poussés à la même extrémité par la passion et le jeu collectif des musiciens sur la batterie.

« Pessen ? Song » (Chanson) termine le disque en douceur par un titre plus court à l'allure de berceuse finale exécutée avec prestance, innocence et émotion.

Georgi Kornazov et ses polyvalents complices s'avèrent aussi excellents dans la tristesse que dans la joie, et lui-même se montre un compositeur sensible et varié dans ce disque.