La saison 2008-2009 a encore vu augmenter le nombre de demandeurs aux restos du cœur. L'année précédente, plus de 91 millions de repas ont été distribués, cela risque d'être dépassé. Les Français ont-ils raison d'avoir peur de grossir les rangs de ces bénéficiaires de repas et d'aides diverses ? L'inquiétude est d'autant plus légitime que cette année, il a été observé l'arrivée de travailleurs qui n'arrivent pas à finir les mois et sont obligés de demander de la nourriture ainsi que les personnes âgées dont la retraite n'est pas suffisante.
Travailler n'est plus suffisant pour vivre et s'assurer un avenir. Disons que les revenus du travail doivent être assez substantiels pour espérer se débrouiller seul. Quand vous cumulez un loyer et les charges rattachées au logement, des charges de famille avec les études ou la cantine, des charges de transport, les impôts sur le revenu, la taxe d'habitation, les prix à la consommation qui ont fait des bonds extraordinaires lors du passage à l'euro, il y a à un moment donné où un simple SMIC ne permet plus de faire face. Le gouvernement veut inciter les Français à devenir propriétaire mais il faudrait d'abord qu'ils arrivent à être locataire. Les restos du cœur accusent une perte de 5 millions d'euros alors que la file d'attente s'allonge devant les centres d'accueil.
La crise, encore une fois, va jouer le rôle d'accélérateur. Les dizaines de milliers de licenciements qui n'arrêtent pas d'être annoncés chaque mois ne vont pas arranger les affaires des associations qui vont avoir, pour le coup, du mal à absorber toute cette misère. Depuis vingt ans que le mouvement initié par Coluche perdure, les gouvernements successifs se sont reposés sur cette aide et ont délégué. Mais à un moment donné, il faudra bien intervenir pour endiguer le phénomène. Non pas en aidant, en créant des structures d'accueil ou en augmentant les aides ponctuelles mais en réglant le problème à sa source. C'est la clé d'une solution pérenne.
Distribuer des milliards aux banques et aux industriels a sans doute évité des faillites et des drames sociaux mais il faut maintenant se pencher sur les questions du pouvoir d'achat, de l'emploi, des délocalisations. Le gouvernement a plusieurs leviers : TVA, SMIC, prélèvements obligatoires. Pourquoi ne pas créer de nouveaux métiers, voire même d'en réhabiliter des disparus ? Des entreprises sur notre territoire font des bénéfices mais gardent ou diminuent leurs effectifs.
Ce qui est certain, c'est que la situation peut exploser à tout moment (on l'a vu avec la Guadeloupe) et que les Français attendent des actes concrets et immédiats et pas de belles paroles et des annonces à la télévision. Une situation d'urgence nécessite des mesures d'urgence. Quand le quotidien sera moins difficile, l'avenir sera plus serein.