Pour illustrer ma rubrique de l’article du mois, je choisis précisément cet article parce qu’il montre le retentissement personnel que peuvent avoir certains moments de cinéma.
D’ailleurs, je reviendrai une dernière fois demain sur un prolongement que j’ai voulu encore donner à ce film.
"La vie serait bien plus heureuse si nous naissions à 80 ans et que nous approchions graduellement de nos 18 ans.
Sur cette hypothèse vertigineuse de Mark Twain, le livre de Fitzerald est construit. La nouvelle plus exactement, et de cette nouvelle est tiré le film « l’Etrange Histoire de Benjamin Button », conte bouleversant sur la condition humaine...
C’est un petit bébé monstre qui naît et qui grandit sous les traits d’un petit vieillard d’abord hideux, puis de plus en plus facétieux et jovial. Car, comme le suggère l’une des images du film, les aiguilles de la grande horloge tournent dans le sens inverse et l’enfant sénile avance dans la vie comme les crabes, non vers la décrépitude et l’avachissement mais vers la santé, l’énergie et la Beauté.
Au fil des minutes, le spectateur assiste à cette ronde infernale, à cette danse macabre du temps qui fauche les vivants autour de Benjamin lequel, il faut le dire, grandit dans une maison de retraite ! Pas de répit pour ceux qui vont dans l’autre sens ! Pas de répit pour la jeune et belle danseuse à qui Benjamin fait un enfant et qu’il décide d’abandonner : ils sont heureux tous les trois, mais Benjamin est cruellement lucide, dix ans plus tard, elle aurait à s’occuper de deux enfants, et sa fille ne reconnaîtrait pas, en ce compagnon de jeux vieillissant, ce papa dont elle aurait besoin...
Le film est beau, touchant, perturbant même. La caméra joue avec le prisme de l’image de Brad Pitt que nous avons toujours suivi dans ses grands films comme « Légende d’automne » ou encore « Et au milieu coule une rivière »... C’est un ravissement de le voir revenir à cette effervervescente jeunesse, mais c’est en même temps douloureux de rester un peu comme dans le fond poussiéreux de l’atelier... Douloureux de tenir le pinceau immobile du portrait de Dorian Gray pendant que le « phénomène » continue de narguer ceux qui sont condamnés à vieillir.
Cette question du vieillissement et du détraquement de « la machine » dans le film « Benjamin Button » est assez
présente dans ce que j’ai écrit : puisqu’il s’agit dans ce blog d’établir des passerelles entre ce que je lis, vois, entends et certains de mes ouvrages, je reviens dans les trois articles à
suivre sur ce thème du vieillissement..."
par Eric Bertrand publié dans : Cinéma communauté : variétés
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