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DOWN UNDER
( NOS VOISINS DU DESSOUS: CHRONIQUES AUSTRALIENNES )
"Down Under", c'est l'expression familière utilisée par les médias et qui s'est popularisée ensuite, pour se référer à l'Australie et la Nouvelle-Zélande, tout simplement parce que ces pays se situent dans leur totalité dans l'hémisphère sud.
Ca c'était la minute culturelle qui, j'en suis sûre, en ravira plus d'un...
Ici, Bill Bryson se focalise uniquement sur l'Australie mais on ne lui en voudra pas quand on sait que ce pays fait 14 fois la France et deux fois la superficie des pays de l'Union européenne, et qu'une vie ne suffirait pas à en parcourir les merveilles, qui d'ailleurs sont loin d'avoir toutes été toutes inventoriées ou même juste découvertes!
Ca n'empêche qu'au coût de plusieurs voyages en 1999, Bill Bryson a pu traverser ce vaste territoire de part en part, de Sydney à Perth, en passant par la capitale Canberra, Adelaïde, Melbourne, pour remonter à Brisbane, puis Cairns pour plonger dans la Grande Barrière de Corail, repartir pour Alice Springs pour saluer Uluru au passage, et nous régaler de ses observations lors de ce long périple à travers, tour à tour, les grandes villes et les zones de civilisation, et les coins plus retranchés du bush et de l'outback australien.
J'ai adoré cette immersion culturelle dans ce pays dont nous n'avons finalement qu'une vague connaissance, car pour la majorité des gens, l'Australie, c'est, comme le dit si bien l'auteur:
"a place pleasantly regarded but far away and seldom thought about."
J'ai d'autant plus adoré que ça faisait longtemps que je n'avais pas ri aux larmes à la lecture d'un récit de voyage aussi consistant. Dès les premières pages, j'étais écroulée de rire tellement l'auteur a le sens de l'anecdote désopilante et une propension à l'autodérision très appréciable. J'ai encore en tête le souvenir d'un trajet en bus dans lequel je suis partie dans une crise de fou rire alors qu'il parlait de la mouche australienne dont on ne peut se débarrasser par certains endroits!
Mais que l'on ne s'y trompe pas, si ses (més)aventures l'assimilent à une sorte de Mister Bean américain irrésistiblement drôle, il n'en a pas moins concoté un compte-rendu sérieux et approfondi de son séjour, qui fait de cet ouvrage un essai très instructif sur les thèmes les plus variés.
Son sens aigu de l'observation, son souci du détail, son intérêt et sa curiosité pour l'Australie transforment ce récit en une mine d'information sur ce pays, sa population, sa faune, sa flore, mais également sur l'histoire de son exploration, de sa colonisation et de son immigration, histoire à laquelle il rajoute sa touche personnelle en brodant autour des faits et personnages historiques, rendant tout cela particulièrement vivant, dynamique, savoureux et follement passionnant!
Entre autres choses que j'ai découvertes, en complément de ce que j'avais déjà appris à travers Kangouroad movie d'A.D.G.:
- la censure qui sévissait en Australie dans les années 50. Etaient interdits de séjour par exemple des livres tels que The Catcher in the Rye, Animal Farm, Brave New World...
- l'existence du School of the Air, l'école par radio et par correspondance dans les stations isolées d'Alice Springs, depuis 1951 jusqu'à nos jours.
- que l'Australie a failli être française!
Ah! Et j'ai souri quand j'ai vu une fois (la seule je crois d'ailleurs) la mention "bloody poms" dont parlait déjà A.D.G. dans son roman, lors d'un match de cricket entre Australiens et Anglais.
Il touche également un mot sur les Générations volées et la situation des Aborigènes, mais personnellement, j'ai trouvé qu'il ne s'est pas beaucoup épanché sur le sujet même si visiblement ils ont toute sa sympathie. Il faut dire que c'est un sujet délicat sur lequel les Australiens n'aiment apparemment pas s'étendre, aussi il lui a été difficile de recueillir des témoignages instructifs, quant à aborder les Aborigènes, cela semblait être une entreprise quelque peu compliquée... (?)
Enfin ce qui abonde dans ce récit ce sont aussi les observations sur les paysages, la flore et la faune - ooouh, sauvage la faune, l'Australie recenseraient les espèces les plus dangereuses et vénimeuses de la planètes, des serpents, araignées, crocodiles, requins, en passant par l'espèce la plus meuritrière de toute, la méduse mortelle. Ca ne parait rien comme ça mais à lire certains témoignages, on aime nos bons petits pigeons internationaux après lesquels on peste tant!
C'est un récit qui m'a vraiment fait rêver et voyager presque sur une autre planète tellement ce pays semble hors du commun. Ca ne m'arrive pas souvent mais là j'allais souvent sur le net pour visualiser quasiment tout ce que décrivait l'auteur. J'ai ainsi pu voir à quoi ressemblaient les Devils Marbles et le Big Lobster dont j'ai découvert l'existence à travers son livre. Sous sa plume, Luna Park, l'Opéra de Sydney, Uluru et tant d'autres sites prennent une dimension presque palpable, on s'y croirait presque et on a vraiment envie d'aller voir tout ça de plus près!
Quant aux Australiens, caractérisés par leur sens du "mateship", on ne peut que leur envier leur cadre de vie!
Incarnant le meilleur côté américain, le meilleur côté anglais, et un zest de personnalité qui leur est propre, en purs produits de cette île immense qui ne ressemble à aucune autre, on comprend que l'auteur, américain d'origine mais ayant vécu une bonne partie de sa vie en Angleterre, ait été totalement séduit par ce peuple fascinant et ce pays hors norme!
J'ai été moi aussi séduite par la plume de Bill Bryson et son humour tour à tour truculent et caustique et je me réjouis qu'il ait écrit d'autres récits de voyage sur d'autres pays qu'il a visités ==> LAL direct!
Egalement commenté par Keisha !
Et en bonus, "Waltzing Matilda" en écoute musicale, une des chansons folkloriques australiennes les plus connues, à laquelle Bill Bryson consacre quelques paragraphes particulièrement hilarants - chanson que l'on confond souvent à tort avec l'hymne national:
Et sa réécriture par Tom Waits et interprétée par Rod Stewart (version que personnellement je préfère même si ça n'a presque plus rien à voir ):
Tom Traubert's Blues (Waltzing Matilda)