La confiance. Sans elle le système financier international peut difficilement fonctionner. Aprés l’effondrement de grands établissements financiers les marchés avaient, pensaient-ils, trouver des partenaires sûrs, les Etats. Aujourd’hui pourtant, face à l’affolement des compteurs et à la valse des milliards, l’inquiétude pointe, notamment sur la capacité de certains pays de l’UE à rembourser leur dette. Les Etats garantissent tout, banques, dépôt des ménages et des entreprises mais, garantissent-ils contre leur propre faillite ? D’ores et déjà, la Lettonie est officiellement au bord de la banqueroute.
Certes, tous les pays de l’UE ne sont pas à ranger dans le même panier mais personne ne peut garantir qu’il n’y ait pas un effet domino. La crête de la crise est loin d’être passée. Sans sombrer dans le catastrophisme, le risque de collapsus ne peut être ignoré.
Face à une telle situation, l’UE est bien désarmée. Le Traité européen ne permet pas a priori de sauver un pays au bord du défaut de paiement. Une solution pourrait consister pour le pays concerné en une sortie de la zone euro afin de profiter des avantages procurés dans un premier temps par une dévaluation. Une autre solution résiderait dans un prêt des États en bonne santé avec le concours financier éventuel du FMI.
Non sans raison il est reproché à la Commission d’avoir permis aux ex pays de l’Est d’intégrer l’Europe alors qu’ils n’étaient pas prêts, avec un décalage en terme de niveau de vie très conséquent.
Comme le souligne The Economist, “si un pays comme la Hongrie ou l’un des trois Etats baltes devait s’effondrer, l’ouest de l’Europe serait l’une des principales victimes de l’onde de choc. Les banques autrichiennes, italiennes et suédoises, qui ont massivement investi et prêté aux nations d’Europe orientale, enregistreraient des pertes colossales si la valeur de leurs avoirs dégringolait subitement. La vague de défauts de paiement qui s’ensuivrait, ajoutée aux réflexes protectionnistes de chacun, pourrait facilement réduire à néant l’une des plus grandes réussites européennes, le marché unique.”
François Lenglet, rédacteur en chef de La Tribune rappelle que, “Dans l’entre-deux guerres, c’est la faillite d’une banque autrichienne, la Kreditanstalt, qui avait déclenché la dépression dans une Europe qui croyait jusqu’alors que la crise n’était qu’américaine. C’était en mai 1931, dix-neuf mois après le krach d’octobre 1929. Nous sommes en mars 2009, dix-neuf mois après le début de la crise des “subprimes”, en août 2007.
Tout en se méfiant des anachronismes, force est de reconnaître, qu’un effondrement financier des “pays de l’Est” signifierait outre la fin de l’expansion de l’UE, de réelles difficultés en interne. Les élargissements successifs se sont construits sur un transfert conséquent de richesses, en période de croissance, des anciens Etats vers les nouveaux entrants. Pas sur un partage de la misère ou de la récession. Le risque de schisme est avéré entre les membres de l’UE de la zone euro, protégés par cette unité monétaire, et les autres. Ce que le premier ministre hongrois, a résumé, hier à Bruxelles dans la formule « nous ne devons pas permettre qu’un nouveau rideau de fer ne divise l’Europe en deux ».
Pour l’éviter, l’UE a déjà mobilisé 50 milliards d’euros, à travers sa facilité de balance de paiements et un plan d’assistance avec trois grandes institutions financières internationales. Pourtant, les opinions publiques des anciens pays du bloc de l’Est doutent. Le clivage entre petits et grands Etats, notamment la France et l’Allemagne refait surface, alimenté par le mépris ouvertement affiché par Paris à l’égard de la présidence Tchèque de l’Union et la brutalité d’Angela Merkel sur le sujet des oléoducs.
Derrière ce risque majeur existe pourtant une folle espérance : faire enfin émerger une Europe politique qui prenne le pas sur l’Europe des marchés. Un beau sujet à méditer à seulement quelques encablures des élections européennes de juin prochain.