La crise et la solidarité européenne

Publié le 03 mars 2009 par Jeanpauldemacrisebienaimee


Il est de bon ton en ces temps de crise de se référer aux manifestations de solidarité quelles qu'elles soient pour juger de la gravité de la situation. Il y a un domaine spécifique qui semble avoir fait l'objet d'un traitement particulier de la part de la presse : la solidarité au sein de l'UE, notamment vis à vis des économies de l'Europe Centrale et Orientale, a priori plus touchées que celles de l'Europe de l'Ouest. Ainsi en est-il du Monde, mais également de l'Express.
Les termes du sujet sont assez clairs : l'onde de choc de la crise financière se répand depuis l'automne sur l'Europe, à divers degrés. Y compris aux banques et systèmes économiques des nouveaux entrants, dont les fondamentaux ne sont pas aussi sains que ceux de l'Europe de l'Ouest. Ainsi, l'hypothèse de banques hongroises est-elle évoquée.
De même, la bataille de mots sur le protectionnisme entre le Président français et le Premier Ministre tchèque. Particulièrement visé : le secteur de l'automobile.
Il sera intéressant comme l'UE va se sortir de cette situation. La présidence tchèque saura-t-elle tirer partie de la crise financière comme la présidence française avait su en tirer partie - ainsi que de la crise géorgienne - pour redonner un sens à l'Europe ? Car beaucoup d'Européens font le reproche aux institutions européennes depuis 20 ans de vivre en vase clos, de n'être dirigée que par des "technocrates" à coup de directives et de règlements renforçant partout la concurrence - synonyme pour ces mêmes personnes de destruction d'emplois et de délocalisation.
Il est intéressant de voir comment se manifesterait le concept de solidarité européenne - si un tel concept devait émerger. Déjà, il y a une limite à l'implication du contribuable européen semble-t-il. Le Premier Ministre Hongrois l'a découvert ce week-end. La raison ? a priori : les institutions européennes n'ont pas vocation à sauver toutes les banques européennes. Plus pragmatiquement, le plan proposé - pour sauver les banques d'Europe de l'Est - s'élevait à 190 milliards d'euros...
Plus fondamentalement : qu'est-ce que la solidarité en Europe ? Y aurait-il une définition par Etat ? (je ne parle même pas de culture...) Ou bien s'acheminerait-on vers un concept (politique ?) de la solidarité ? pour qui ? pour les industries ? pour les populations actives ? pour les 480 millions d'Européens ? Y aurait-il donc naissance d'un projet commun, autre que le Marché Unique, et d'une doctrine, autre que celle de la concurrence ?
Après l'Europe de la concurrence, pendant l'Europe Verte, une Europe solidaire ? Un projet commun ? Peut-être serait-il intéressant de lier cette réflexion à celle de la puissance, non ? Matthieu