Il est de bon ton en ces temps de crise de se référer aux manifestations de solidarité quelles qu'elles soient pour juger de la gravité de la situation. Il y a un domaine spécifique qui semble avoir fait l'objet d'un traitement particulier de la part de la presse : la solidarité au sein de l'UE, notamment vis à vis des économies de l'Europe Centrale et Orientale, a priori plus touchées que celles de l'Europe de l'Ouest. Ainsi en est-il du Monde, mais également de l'Express.
Les termes du sujet sont assez clairs : l'onde de choc de la crise financière se répand depuis l'automne sur l'Europe, à divers degrés. Y compris aux banques et systèmes économiques des nouveaux entrants, dont les fondamentaux ne sont pas aussi sains que ceux de l'Europe de l'Ouest. Ainsi, l'hypothèse de banques hongroises est-elle évoquée. De même, la bataille de mots sur le protectionnisme entre le Président français et le Premier Ministre tchèque. Particulièrement visé : le secteur de l'automobile.
Il sera intéressant comme l'UE va se sortir de cette situation. La présidence tchèque saura-t-elle tirer partie de la crise financière comme la présidence française avait su en tirer partie - ainsi que de la crise géorgienne - pour redonner un sens à l'Europe ? Car beaucoup d'Européens font le reproche aux institutions européennes depuis 20 ans de vivre en vase clos, de n'être dirigée que par des "technocrates" à coup de directives et de règlements renforçant partout la concurrence - synonyme pour ces mêmes personnes de destruction d'emplois et de délocalisation.
Il est intéressant de voir comment se manifesterait le concept de solidarité européenne - si un tel concept devait émerger. Déjà, il y a une limite à l'implication du contribuable européen semble-t-il. Le Premier Ministre Hongrois l'a découvert ce week-end. La raison ? a priori : les institutions européennes n'ont pas vocation à sauver toutes les banques européennes. Plus pragmatiquement, le plan proposé - pour sauver les banques d'Europe de l'Est - s'élevait à 190 milliards d'euros...
Plus fondamentalement : qu'est-ce que la solidarité en Europe ? Y aurait-il une définition par Etat ? (je ne parle même pas de culture...) Ou bien s'acheminerait-on vers un concept (politique ?) de la solidarité ? pour qui ? pour les industries ? pour les populations actives ? pour les 480 millions d'Européens ? Y aurait-il donc naissance d'un projet commun, autre que le Marché Unique, et d'une doctrine, autre que celle de la concurrence ? Après l'Europe de la concurrence, pendant l'Europe Verte, une Europe solidaire ? Un projet commun ? Peut-être serait-il intéressant de lier cette réflexion à celle de la puissance, non ? Matthieu