Décidément, il y a beaucoup de librairies à Rome, qu’il s’agisse de librairies assez petites et indépendantes, comme celle du Campo dei Fiori qui s’appelle, je crois, Fahrenheit 451, ou cette enseigne du Trastevere…
des bouquinistes installés non loin de la gare… ou des grandes boutiques qui portent le nom des maisons d’édition italiennes. Car les librairies les plus repérables s’appellent Feltrinelli et Mondadori, et réunissent des articles de papeterie et des livres, consacrant toujours un rayon particulier à la littérature antique, avec des éditions bilingues relativement abordables, ce que j’ai toujours trouvé attendrissant (j’ai ainsi ramené une édition de graffiti pompéiens ou un roman grec plein de rebondissements).
La librairie Feltrinelli (celle-ci pas très loin du Vatican) se reconnaît à son enseigne avec des portraits d’écrivains.
Mondadori (celle-ci près de la fontaine de Trevi) offrait (comme sa concurrente) des sacs chouettes à qui acquérait plusieurs volumes de l’accro du shopping. C’est dans cette librairie que j’ai vu avec émotion un exemplaire italien de mon bien-aimé Auprès de moi toujours, rebaptisé « Non lasciarmi ».
Près de l’église Saint-Louis-des-Français (complètement cachée derrière des échafaudages), se trouve une petite librairie française (lumière dans cette nuit de février).
Ma préférence reste cependant à la librairie de la gare Termini qui faisait des soldes sur les livres de poche ! Une bonne occasion de compléter ma collection d’auteurs italiens inconnus de moi comme Paola Capriolo (La grande Eulalia ; un recueil de nouvelles dans une ambiance sombre et fantastique), Gianni Celati (Narratori delle Pianure, petites nouvelles de la vallée du Pô), Gianfranco Bettin (Nemmeno il destino, l’histoire d’un adolescent vengeur dans une cité hostile) ; et de me procurer le premier roman d’Isabella Santacroce, Fluo, chronique d’un été à Riccione qui semble davantage inscrit dans la réalité, mais qui travaille aussi la langue à coup d’anglicismes et de formules condensées. Peut-être moins poétique, sans doute moins trash, une façon de saisir (à rebours) la progression du travail de la romancière.
J’ai aussi pu compléter mes observations concernant les auteurs étrangers publiés en poche par Feltrinelli : à côté de Daniel Pennac et d’Isabel Allende, Nadine Gordimer, JG Ballard, Witold Gombrowicz que j’aime beaucoup, Yukio Mishima, Marguerite Duras, Friedrich Dürrenmatt… et Hermann Broch, dont La mort de Virgile trouve sans doute des échos dans les cœurs italiens…
J’ai retrouvé les livres dans la superbe exposition que consacrait le Musée de l’Ara Pacis à l’artiste Bruno Munari. On y croisait, au milieu des écritures imaginaires de peuples inconnus, des projets de design de couvertures pour la maison d’édition Einaudi, mais aussi des livres illisibles ou des livres sur lesquels se coucher ; finalement, était-on amené à se demander, qu’est-ce qu’un livre ?