Il est des musiciens difficiles à mettre dans les bacs. Des inclassables de génie. De fantastiques réfractaires aux cases. DM Stith est de ceux-là. Avec son premier opus « Heavy Ghost » qui sort cette semaine, il ne fait pas que bouger les lignes : il les ignore, les dépasse, et ne considère que la création.
Dès lors, difficile tache pour tout esprit tristement cartésien que de parler de ces « génies musicaux non identifiés » sans les enfermer dans des considérations réductrices. On peut s'essayer à les comparer à certains de leurs fantastiques camarades sans étiquettes. Quand on parle de prodigieux extravagants, on pense nécessairement au désormais classique Animal Collective, qui malgré son appellation de « folktronica », ne parvient pas à se figer dans un genre.
Mais plus que tout, DM Stith fait inévitablement penser à un Patrick Watson: sa voix, son originalité, son orchestration empruntant au classique et au contemporain (à l'écoute du piano sur les titres « GMS » ou « Braid of Voices » de DM Stith, l'héritage commun d'Erik Satie est saisissant). C'est tout un univers que chacun d'eux est capable de créer. Il y a aussi du Radiohead. Et même une pointe d'Anthony, sans ses Johnsons.
DM Stith est pourtant unique. Et inaccessible à l'entendement pour quiconque ne l'aurait entendu. Les meilleures comparaisons, les qualificatifs les plus précis ne sauraient décrire « Heavy Ghost ». C'est étrange et déroutant, mais une fois essayé, on ne s'en passe plus. Une chose est sûre : on ne sort pas indemne de cette expérience musicale. On entre définitivement dans un univers torturé, un songe imprévisible. C'est profond sans être lourd. Léger sans être superficiel. C'est un fantôme délicieux, un ange vagabondant dans les méandres d'une musique délicieusement obscure.
DM Stith avait déjà fait irruption en janvier avec son single « Curtain Speech ». Avec « Heavy Ghost » il se confirme comme étant une des découvertes à retenir de cette année.