The wrestler (2009)

Par Eric Culnaert

Oyez, oyez, gentes dames et nobles seigneurs, vous allez assister à une (de plus) rédemption par le sport, genre cinématographique fort prisé à Hollywood, où rien de ce qui est humain n’est laissé de côté. Et ne m’objecte pas, lecteur puriste, que ce film n’est PAS produit par les majors companies d’Hollywood et n’a pas été tourné là-bas, mais… à Bayonne (pas de panique, les Basques y sont rares, c’est dans le New Jersey). À ma droite, l’individu à régénérer, Randy Robinson, dit « The Ram », donc « le Bélier » (Mickey Rourke). À ma gauche, l’individu régénérateur, le réalisateur Darren Aronofsky, qui s’inspire de la vie de son interprète. L’un et l’autre de fâcheuse réputation, mais on n’est pas ici pour dénoncer.

Randy est donc un catcheur, et, quoique ses cheveux soient plutôt filasses, il frise, lui, la cinquantaine. Il n’entend plus très bien, son corps est plus couturé qu’un épouvantail, et, à force de se bourrer de produits aussi recommandables que les antidouleurs et les anabolisants, il finit par avoir une crise cardiaque. Il faut dire que le prétendu sport qu’il pratique n’est pas tout à fait aussi sain que le badmington ou la brasse papillon, c’est plutôt un spectacle ultra-violent, où le but principal est de faire (et se faire) le plus mal possible, devant un public composé à soixante pour cent de sadiques chauffés à blanc, et à quarante pour cent d’esprits forts qui prennent la chose au second degré – voir la corrida pratiquée entre autres à Bayonne, justement, mais en France cette fois.

Bref, Randy doit décrocher. Il prend un travail de serveur dans un supermarché, et s’efforce de renouer avec sa fille Stephanie (Evan Rachel Wood), qu’il avait abandonnée comme dans tous les films, et si tu as réussi à dénicher une pellicule où un père de famille en crise n’a pas abandonné ses enfants, téléphone-moi en urgence, je suis collectionneur, il n’y a pas que Pierre Bergé, zut alors. Il essaie aussi d’établir une relation avec Cassidy, non pas le célèbre cowboy prénommé Hopalong, mais une brave fille qui se prostitue un peu dans un bar (Marisa Tomei), mais tu sais ce que c’est quand on est bourru et ravagé par la vie, on ne sait pas y faire…

Mais un jour, un fan de catch et client du supermarché le reconnaît comme le célèbre Bélier, et Randy a honte. D’autant plus qu’il vient juste de se faire jeter par sa fille, parce qu’il a raté un rendez-vous avec elle dans un restaurant pour cause de cuite dans un bar (il y a beaucoup de bars, dans ce film). Si bien que, pour ne pas te faire attendre plus longtemps ce que tu attends depuis le début, Randy remonte sur le ring pour y affronter l’Ayatollah, un catcheur affublé d’emblèmes et porteur d’un drapeau d’un pseudo-pays arabe, et qu’il va certainement vaincre en l’écrasant, dès qu’il aura terminé le saut sur lequel l’image se fige à la fin, alors que le spectateur, pas figé du tout, gagne en hâte la sortie en rouscaillant contre toutes ces étoiles attribuées au film par allocine.fr.