l'idée que l'on s'en fait

Publié le 01 mars 2009 par Modotcom
depuis juillet 2007, j'ai des amis virtuels. Je veux dire, uniquement virtuels. Je ne les connais à travers aucun sens physique - à part les photos occasionnelles. L'olfactif et le sonore sont absents, quoique le collage de video youtube nous permet d'entendre une partie de leur personnalité (goûts musicaux notamment).
Je ne les connais que par leur écriture. Ils racontent par le clavier ce qu'ils font, ce qu'ils pensent, à quoi ils s'occupent, ce en quoi ils croient. Je me fais une idée de ces gens, que j'apprécie à différents degrés selon que ce que j'en comprends me rejoigne ou non dans mes idéaux, mes intérêts. Leur intervention est divertissante, enrichissante, humaine, chaleureuse, et contribue très certainement à mon évolution. Zoreilles dit dans un de ses billets "là où j'ai mes habitudes". Bon, voilà : j'ai mes habitudes dans une fenêtre virtuelle ou une autre; en arrière de laquelle il y a un homme, une femme, qui vit.
Je dis des "amis" virtuels plus que simplement des lectures, puisqu'il y a interaction réelle, échange, communication.
Des amis virtuels, on les apprécie pour leurs idées. C'est la seule chose discriminante.
On ne juge pas de leur emploi du temps, de leur situation sociale ou professionnelle. On se surprend que les barmen soient intellos et de gauche, que les acupunctrices soient des félines féroces, associations que l'on fait rarement dans le monde réel où, en général, nous sommes appariés selon des ensembles physiques : la géographie du quartier, l'école, la profession, etc.
Sur le web, nous sommes appariés par des facteurs idéaux.
Nos amis virtuels sont indemnes de toutes les niaiseries et mauvaises habitudes qui nous irritent dans la vraie vie, des gens que l'on fréquente : une allergie aux animaux, une préférence alimentaire, un bégaiement récurrent, des retards perpétuels.
On les visite à notre gré. Nos habitudes sont à leur égard strictement dictées par notre propre volonté et disponibilité. On ne souffre pas d'attendre après eux ou de faire le ménage pour pouvoir bien les recevoir. Ils sont gratuits, ne coûtent qu'une connexion internet, ne dérangent pas, ne cognent pas à la porte au moment inopportun, et sont toujours là quand on les cherche...
Nos amis dans la vraie vie souffrent de nous connaître d'avant cette révolution virtuelle. Toutefois, ils n'ont souvent pas besoin de parler pour qu'on les comprenne. Seule une inflexion de la voix, un soupir, un coup d'oeil nous unissent. Leur voix nous est familière autant que leur numéro de téléphone sur l'afficheur. Leur langage, l'expression qui nous fait rire et le contact chaleureux font qu'on en cherche la compagnie. On passe des soirées à refaire le monde sous différents angles, et en montant le ton s'il le faut. On bénéficie ensemble de l'ivresse du vin et du partage de la bonne chère. Ils sont importants dans notre vie et méritent que l'on soit à leur endroit aussi clément qu'envers nos amis virtuels. Après tout : ne partagent-ils pas notre vie?
Le web 2.0 me fait beaucoup réfléchir et fait de moi, en ces années, une meilleure humaine.