Gerhard Richter, superstar de l'art
contemporain, expose au Centre de la photographie à Genève.
Ça, comme disent les présentateurs télé,
c'est énorme. Richter est un peintre ultra-connu dans le
milieu, que les musées les plus prestigieux s'arrachent.
Né en 1939, grandi en Allemagne
de l'Est, passé à l'Ouest en 61, il suit plusieurs
voies. Des toiles inspirées par des photos mais peintes. Des
tableaux abstraits à l'apparence spontanée mais en
réalité très travaillés. Des alignements
de rectangles de couleur pure, séparés par des blancs.
Et ces photographies peintes exposées ici.
Il y en a des centaines. Leur
élaboration se fait comme suit. Dans une corbeille, Richter
jette toutes les photos amateurs qu'il fait de sa famille, de ses
amis, de ses vacances, développées par des laboratoires
industriels, et qu'il ne veut pas garder dans son album de souvenirs.
Quand il a terminé une séance de travail sur de la
peinture abstraite, il prend n'importe laquelle de ces photos qu'il
macule des couleurs restant sur son couteau, plus ou moins au hasard.
On peut ensuite faire toutes sortes de
théories. Art du recyclage et de l'aléatoire. Rencontre
entre peinture et photographie. Interrogation des médiums
utilisés. Confrontation de la peinture et de la photographie.
Etc.
L'important, c'est ce qui en ressort.
Les opinions. On peut trouver, comme mon ami le peintre Miguel
Sancho, que Richter est le plus grand plasticien actuel. On peut
penser, comme mon autre ami le peintre Gérald Rast qu'essuyer
ses pinceaux sur des photos de vacances n'est pas un geste créateur
et que le résultat est nul.
Moi, j'ai bien aimé. Le hasard
ou la main de l'artiste crée des effets parfois fulgurants,
parfois intéressants, parfois vains bien sûr. Mais j'ai
été souvent charmé, ou étonné. Il
y a quelque chose de surréaliste dans le résultat, et
dans la démarche aussi bien. La quantité de photos ne
nuit pas non plus: au fil de la déambulation, un regard se
crée, qui rend propice à la réception de ces
images, et donne envie d'aller de plus près le reste de
l'œuvre de Richter.
Centre de la photographie, 10 rue des Vieux-Grenadiers, Genève, jusqu'au 12 avril