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Photographies peintes de Gerhard Richter, au Centre de la photographie

Publié le 02 mars 2009 par Alain Bagnoud

Gerhard Richter, overpainted photograph, 17.2.89

Gerhard Richter, superstar de l'art contemporain, expose au Centre de la photographie à Genève. Ça, comme disent les présentateurs télé, c'est énorme. Richter est un peintre ultra-connu dans le milieu, que les musées les plus prestigieux s'arrachent.
Né en 1939, grandi en Allemagne de l'Est, passé à l'Ouest en 61, il suit plusieurs voies. Des toiles inspirées par des photos mais peintes. Des tableaux abstraits à l'apparence spontanée mais en réalité très travaillés. Des alignements de rectangles de couleur pure, séparés par des blancs. Et ces photographies peintes exposées ici.
Il y en a des centaines. Leur élaboration se fait comme suit. Dans une corbeille, Richter jette toutes les photos amateurs qu'il fait de sa famille, de ses amis, de ses vacances, développées par des laboratoires industriels, et qu'il ne veut pas garder dans son album de souvenirs. Quand il a terminé une séance de travail sur de la peinture abstraite, il prend n'importe laquelle de ces photos qu'il macule des couleurs restant sur son couteau, plus ou moins au hasard.
On peut ensuite faire toutes sortes de théories. Art du recyclage et de l'aléatoire. Rencontre entre peinture et photographie. Interrogation des médiums utilisés. Confrontation de la peinture et de la photographie. Etc.
L'important, c'est ce qui en ressort. Les opinions. On peut trouver, comme mon ami le peintre Miguel Sancho, que Richter est le plus grand plasticien actuel. On peut penser, comme mon autre ami le peintre Gérald Rast qu'essuyer ses pinceaux sur des photos de vacances n'est pas un geste créateur et que le résultat est nul.
Moi, j'ai bien aimé. Le hasard ou la main de l'artiste crée des effets parfois fulgurants, parfois intéressants, parfois vains bien sûr. Mais j'ai été souvent charmé, ou étonné. Il y a quelque chose de surréaliste dans le résultat, et dans la démarche aussi bien. La quantité de photos ne nuit pas non plus: au fil de la déambulation, un regard se crée, qui rend propice à la réception de ces images, et donne envie d'aller de plus près le reste de l'œuvre de Richter.

Centre de la photographie, 10 rue des Vieux-Grenadiers, Genève, jusqu'au 12 avril


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