La couverture, outil de séduction suprême pour le livre artefact

Publié le 02 mars 2009 par Actualitté
Il faudrait entre 20 et 30 secondes à un consommateur, pardon, un lecteur, pour se décider à acheter un livre qu'il ne connaît, mais dont il a entendu parler, lorsqu'il entre dans une librairie. Autrement dit, en l'espace d'une minute, on réaliserait deux achats compulsifs... mais sur quels critères ?
Voilà quelque temps, nous avions évoqué des livres aux reliures insolites, présentées par AbeBooks, qui sélectionnait pour vous des ouvrages classiques - de Balzac à Camus, par exemple - dont l'emballage était superbement réalisé. Derrière ces vitrines de papier, les mêmes mots que dans une édition de poche, mais avec un relief soudain nouveau et bien plus attirant.
Une initiative semblable a été lancée par la boutique anglaise, mais sous une toute autre appellation : Thirty Novels Worth Reading for the Cover Alone. Toute une collection, mais aussi tout un programme, à lire juste pour leur couverture. Et pas seulement parce qu'il est moins question d'acheter, pour la couverture, justement, que de réellement lire le contenu.
Aujourd'hui, le marketing visualise, conceptualise, réalise des études savantes pour savoir comment attirer l'oeil, nous en reparlerons dans une prochaine chronique du livre Tête de Gondole, paru chez Flammarion. De même pourtant, les ouvrages présentés sur la page d'Abebooks sont des classiques, dont le texte est connu, éprouvé, mais dont le packaging a été revu pour mieux attirer l'oeil du chaland.
En Australie, l'éditeur Penguin avait entrepris de republier des classiques, cette fois avec une couverture old school, et en 6 mois avait écoulé 250.000 exemplaires, avec une réimpression pour bon nombre des titres proposés.
Un livre raté sera-t-il plus réussi avec une couverture alléchante ? Il est certain qu'il saura séduire plus facilement, mais ne s'en révélera pas moins décevant à l'usage. Tout n'est histoire que d'infographie et d'image. Une relation bien étrange et pourtant indispensable ? Même dans leur extrême sobriété, les ouvrages publiés dans la collection NRF de Gallimard restent tributaires de cette couleur typique et de son liseré indispensable.
Mais en tant qu'artefact issu de notre société visuelle, le livre imprimé doit se faire objet de désir et de séduction.