Alors qu'hier se tenait sur la place de la Nation, à Paris, une manifestation impulsée par CollectifDom, en soutien à nos compatriotes d'outre-mer, l'auteur Alain Mabanckou, enseignant à UCLA, la fac de Californie, livrait son point de vue à nos confrères du Monde.
Selon lui, la situation de crise que l'on connaît avait été pensée et prévue par Aimé Cesaire, ce « grand poète martiniquais ». « Il faut relire le Cahier d'un retour au pays natal, Césaire y parle du 'cri' du peuple antillais. Il explique le désespoir d'une communauté dont les conditions de vie sont si éloignées de celles de la métropole. De même, tout était en germe chez un autre Martiniquais comme Frantz Fanon », explique Alain.
Les 200 € d'augmentation prévus pour les bas salaires ne combleront pas le respect dû, ajoute-t-il. Selon lui, il faut avant tout savoir « comment prendre les Antillais pour des Français à part entière et non pour des Français entièrement à part ». L'auteur qui a publié récemment Black Bazar au Seuil, porte dans ce livre un regard justement sur « les Noirs qui vivent en France ».
Contrairement à la situation américaine, où l'esclavage a drainé la population, les voies d'arrivée en France des Noirs sont complètement différentes. Et d'ajouter que « les Noirs qui vivent en France sont peu connus des Français. On a tendance à dire 'les Noirs', comme s'il s'agissait d'une communauté ».
Dans Black Bazar, il a justement souhaité « regarder à l'intérieur de ce monde. Essayer de comprendre comment un Noir peut haïr un autre Noir, comment certains Noirs légitiment ou magnifient la colonisation... Bref, voir quel est l'état actuel de la conscience noire. »