Si l’extension de Vélib’ à la banlieue comme symbole de la nécessité d’un Grand Paris et autres sujets connexes vous intéressent vous pouvez acheter Marianne cette semaine pour lire l’article de Daniel Bernard et Hervé Nathan intitulé Vélos, socialos, bobos… tout le monde en veut . Si vous êtes déjà lecteur régulier de Paris est sa banlieue, vous pouvez peut-être faire l’économie de 2,5 €.
J’avais bien remarqué deux longues visites venant de Marianne dans les statistiques de Paris est sa banlieue, le 20 août dernier, cherchant des informations sur Google à propos du Grand-Paris, de Vélib’, Mansat, Pernes ou encore banlieue. Un article à venir que j’attendais avec impatience et intérêt. Et je dois dire que je n’ai pas été déçu. On pourrait même dire honoré de voir certains de mes arguments sous la plume de vrais journalistes. Ce n’est pas la première fois que la visite d’une rédaction est suivie d’un article sur un thème traité par Paris est sa banlieue, mais au début on se croit un peu parano, ou mégalo. D’ailleurs il est normal de voir les rédactions traiter des mêmes thèmes que certains blogues, puisqu’il s’agit souvent de sujets d’actualités. Bon d’accord, certains sont un peu plus lents que d’autres, et si la première note sur « le Grand Paris, la preuve par Vélib’ ? » a été publiée le 27 juillet sur Paris est sa banlieue, il n’aura fallu qu’un mois tout rond à Marianne pour produire un papier dans lequel on peut lire que le symbole Vélib’ pourrait devenir « le précurseur d’un grand chambardement administratif des frontières artificielles de l’Ile-de-France. » Moi, j’avais fait plus synthétique, mais eux ont eu plus de temps et avaient 4 pages à remplir, et puis je ne suis pas journaliste…
Et si j’avais donné trop d’importance à de simples coïncidences, du genre une nouvelle fois je me la pète. Eh bien non, pas du tout. C’est d’ailleurs ce que m’a répondu en substance, et je l’en remercie, Daniel Bernard*, un des deux signataires du papier auquel je faisais remarquer à tout hasard dans un mail que je trouvais frustrant qu’à côté des politiques, il n’ait pas jugé utile de citer ses autres sources, comme Paris est sa banlieue. « Votre blog m’a en effet inspiré une part de l’argumentation de notre article. Il aurait été élégant de le citer dans Marianne. Je ne l’ai pas fait pourtant, comme je n’ai pas cité trois ou quatre autres sources qui ont également nourri ma réflexion. ». Je n’irai pas jusqu’à dire que cela aurait été élégant, honnête m’aurait suffi, et si je fais partie d’un pool d’information, j’aurais aussi aimé connaître les autres, c’est toujours intéressant d’enrichir ses sources. Daniel Bernard poursuit « Ne croyez pas néanmoins qu’il s’agisse pour moi de m’accaparer une pensée dans l’espoir de recueillir une quelconque gloire. » Le journaliste m’explique ce qu’un blogueur ne peut pas comprendre. « Il m’est apparu que votre idée – si vous avez été, ce que vous suggérez, le premier à l’exprimer –était déjà dans le domaine public. C’est sans doute le destin des trop bonnes analyses. » Ah, voilà, donc c’est dans le domaine public et il n’est plus nécessaire de citer ses sources. Moi qui mettais un point d’honneur à toujours citer les miennes, médias et journalistes, auteurs et titres de leur livres et éditeurs, et même certains traducteurs dont j’avais utilisé le travail, je sais maintenant que tout cela n’était pas nécessaire, puisque publié et déjà dans le domaine public. Cette leçon de journalisme éclaire ma pauvre lanterne de blogueur.
Enfin dommage, on aurait pu parler de Paris est sa banlieue dans le journal. Mais restons modeste, il ne s’agit que d’un blogue. Donc résumons la leçon, le travail d’un journaliste - qui utilise Google comme tout le monde aujourd’hui - c’est bien, c’est du sérieux et le travail de recherche, d’analyse et d’écriture d’un blogueur donne naissance à une matière première sitôt versée dans le domaine public, à la disposition de tout un chacun. Et s’il est journaliste de surcroît, on doit se sentir honoré de voir ses idées sortir ainsi du monde de l’Internet pour enfin entrer dans le grand monde, le monde noble des rédactions parisiennes où règne la vraie déontologie de la presse… Je me souviendrai de la leçon ;-)
* Daniel Bernard a tenu a préciser que lui seul avait parcouru Paris est sa banlieue, et que de son côté, Hervé Nathan ne l’avait pas lu.