Base sous-marine de Bordeaux (jusqu’au 29 mars)
Première grande retrospective de l’œuvre du photographe new-yorkais Louis Stettner, l’expo qui se déroule actuellement à Bordeaux s’ouvre sur trois espaces :
— Dès l’entrée, dans une petite salle, on découvre les œuvres non photographiques de Stettner. Des dessins, des peintures, des sculptures, toujours tourmentés dans les formes. Allez savoir pourquoi, en voyant sa manière de dessiner les larges bouches de ses personnages, j’ai pensé aux BD d’Hugot et de Moërell.
— L’essentiel de l’expo : des photos urbaines en noir et blanc, shootées dans les rues de Paris et de New-York, mais pas seulement. Se mêlent à ses images des portraits ou des scènes de la vie quotidienne attrapés aux Pays-Bas, en URSS ou au Mexique. Les photos ne sont que rarement classées par date, ce qui met le doigt sur l’intemporalité de la condition humaine : un homme qui s’endort sur un banc en 1950 ou en 1990 reste simplement un homme qui s’endort sur un banc, parce-que la fatigue est la même. C’est ainsi qu’on partage au hasard des rues des pans de vie de tous les jours, des lendemains immédiats de la Seconde Guerre mondiale à la fin des années 1990. Certaines photos sont prises au vol (l’enfant qui sautille dans la rue, deux dalmatiens à l’arrière d’une voiture, deux femmes au look texan façon série télé des seventies, …), d’autres posées (la famille parisienne devant son épicerie, les deux bouchers devant leurs morceaux de barbaque en devanture, etc). Deux séries particulièrement émouvantes dans la salle du fond : les travailleurs (série réalisée aux Etats-Unis, en Europe et en URSS dans les années 1970) et les SDF (série très récente réalisée aux Etats-Unis). Toute la fatigue qu’un humain peut porter sur ses épaules, mais toute sa fierté aussi, visible chez ce mineur français, au visage encore noir des heures passées dans le charbon, comme chez ce homeless new-yorkais, avec la fermeture-éclair du blouson remontée jusqu’au menton et un extraordinaire sourire.
— Des photos couleurs enfin, réalisées pour la plupart il y a moins de dix ans. Vision rock’n roll de New York, avec ses couleurs vives, ses mythes (les bagnoles, la pause à Central Park, etc.), et encore toujours ses personnages, ses gueules d’aujourd’hui qui sont les même qu’hier, indéfiniment.
A lire : l’article que le quotidien La Croix a consacré à cette expo, ainsi qu’un autre article, d’un site que je ne connaissais pas il y a encore dix minutes, et qui présente toute une série de photos de l’expo.
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