Chaque dimanche, BiBi déplie le Journal du Dimanche. Le gros titre de ce dimanche est offert à ce Monsieur Pérol qui s’explique et se défend en pages deux et trois. Monsieur Pérol veut qu’«on le laisse travailler». Il veut avoir la paix dans la Guerre économique que ses pairs ont déclenché il y a bien longtemps.
BiBi a relevé qu’avant de devenir le Numéro Trois de l’Elysée et le principal conseiller financier de Little Nikos, monsieur François Pérol occupait la fonction d’associé-gérant à la Banque Rothschild et Cie de 2005 à mai 2007. Qui se souvient qu’on «l’avait laissé travailler» à la création de NATIXIS, organisme d’investissement et de financement commun aux deux groupes alors séparés (Banques populaires et Caisses d’Epargne) ? C’est ce même NATIXIS qui a perdu 95% de sa valeur boursière en deux années. C’est ce même NATIXIS qui a menacé d’entraîner ses deux Banques-mères dans sa chute. Little Nikos a sûrement oublié de noter le mauvais élève.
Le JDD a le sens de l’humour : c’est pleine page qu’il se vante d’être le Journal pour lequel tous les jours, c’est dimanche. Rigolo, n’est-ce pas, lorsqu’on défend la banalisation et la généralisation du travail dominical ? BiBi se demande alors quel sera l’opportunité d’un tel slogan ?
Pour se requinquer et trouver des armes, BiBi a ouvert le petit livre de Frédéric Lordon (1) qui fustige presque tous les commentateurs de l’Histoire actuelle de la Crise financière. En effet pour ces derniers, «l’essentiel serait une sordide affaire de malversations ou de conflits d’intérêts» avec, pour corollaire, l’immoralité comme cause de tout. A travers les exemples d’Alcatel, Vivendi, France Télécom, il montre et démontre la responsabilité du Politique dans le désastre de la Mondialisation. Page 46, il donne à voir l’enthousiasme ahuri des élites socialistes (Laurent Fabius, premier ministre) pour le Monde enchanté de la Nouvelle Economie, leur aval compris après-coup pour la libéralisation du marché et pour la «tentation de la croissance externe» (comme l’ont opéré les responsables du Crédit Agricole). Il nous donne un point de vue original, prenant à contre-pied les analyses gauchisantes traditionnelles qui ont les mêmes présupposés qu’à droite».«N’en déplaise aux idéologues de «l’homme libre chef-d’œuvre en péril», c’est moins une histoire d’individus qu’une histoire de structures, et le «responsable » en dernière instance n’a pas vraiment figure humaine : c’est la déréglementation financière». Il prend à contre-pied les anathèmes et les portraits psychologiques des critiques qui s’en prennent au «tempérament des chefs d’entreprise» (BiBi y inclut, là, nombre de blogs de «gauche» qui manient l’insulte, l’ironie, la dérision à longueur de pages) pour expliquer les déboires de ces entreprises.
Frédéric Lordon va encore à l’envers des discours normatifs et majoritaires lorsqu’il insiste sur le fait que le capitaliste – s’il ne se désintéresse pas du profit – a comme autres moteurs déterminants, la «construction de l’empire» et «l’ivresse du capitanat d’entreprise». Il nous rappelle aussi que «les pulsions élémentaires du capital, industriel ou financier, ne sont rien par elles-mêmes hors la configuration des structures économiques qui leur donnent telle ou telle forme d’expression». A l’encontre des idées reçues, se basant sur de solides argumentations, le détour par Frédéric Lordon vaut le détour.
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(1) Frédéric Lordon. Et la vertu sauvera le monde… Raisons d’Agir. Mai 2008.
Tags : François Pérol, Frédéric Lordon, JDD, journal du dimanche, Laurent Fabius, Raisons d'agir
Cet article a été publié le Dimanche 1 mars 2009 à 16:55 et a été classé dans Frère Lagardère et son JDD, Livres de lecture & Poésie. Vous pouvez suivre les commentaires sur cet article en vous abonnant à ce flux RSS 2.0. Vous pouvez laisser une réponse, ou un trackback depuis votre propre site.