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Crispations autour de l’exercice solitaire du pouvoir de Nicolas Sarkozy

Publié le 01 mars 2009 par Hmoreigne

 Séisme en Sarkozie. Les grognards du président ont le blues. Et pour le faire savoir, ils ont choisi, comme les gradés de la grande muette, les colonnes du Monde (édition datée du 28 février) .Des ministres, pas les simples militants ou sympathisants, sous couvert d’anonymat, doutent d’un mode de gouvernance qui semble aujourd’hui atteindre ses limites.

L’intendance ne suit pas relève l’auteur de l’article, Arnaud Leparmentier. Le journaliste du Monde appuie son affirmation sur les propos d’un conseiller de l’Elysée : ” Une fois qu’on a décidé, on n’est pas capable de suivre les réformes. C’est humainement, administrativement, impossible “.

Sans citer de noms, Arnaud Leparmentier reprend des propos de différents ministres.” Il faut reconstituer un gouvernement, un vrai, et placer un écran entre le président et les événements “, Nicolas Sarkozy doit faire ce qu’il ne sait pas faire : travailler en équipe et valoriser ses ministres. La question est de savoir s’il est capable de se remettre en question après deux ans de pouvoir “, “ Il faut accepter d’avoir des ministres qui soient des personnalités et qui peuvent dans une certaine limite mener une politique autonome “.

L’image de la petite lucarne n’est pas en effet forcément le reflet fidèle de la réalité. Ce décalage est revenu en boomerang à la face présidentielle. Persuadé de sa toute puissance, Nicolas Sarkozy pensait avoir prise sur le temps. Mais finalement c’est Chronos le plus fort. Président ou pas, Nicolas Sarkozy devra pour survivre politiquement se plier à ses exigences.

Le temps démocratique nécessite le respect et l’écoute des corps intermédiaires. Le temps administratif, essentiel dans la déclinaison concrète des décisions politiques, impose une administration en ordre de marche et associée aux décisions. On ne dirige pas un paquebot comme hors-bord. Entre le moment où l’on tourne le gouvernail et où le navire modifie son cap, existe du fait de l’inertie, un délai rendu incompressible par les lois de la physique.

L’autre problème du capitaine, c’est assurément son manque de confiance dans ses officiers, persuadé que si ça ne marche pas c’est parce qu’il ne fait pas tout lui-même. Sauf que la constitution n’a pas prévu ce cas de figure. La direction de l’Administration relève du gouvernement et de ses ministres. Pas de l’Elysée en direct.

La faute à Nicolas Sarkozy qui a conçu la composition du gouvernement comme un casting télé, pas comme un exercice politique au sens noble du terme. Doutant des compétences de ses ministres, souvent confondues avec leur côte de popularité, le président ne les respecte pas. Il les court-circuite quand il ne leur colle pas des alter ego (conseillers, médiateurs…) qui ne tirent leur légitimité que de leur désignation par l’Elysée.

Plus malin que les autres, Jean-François Copé qui se rêve tous les matins en se rasant un avenir présidentiel, souffle habilement sur les braises : ” Le défi, c’est d’avoir en face de l’”hyperprésident” un “hyperparlement” sur lequel les ministres doivent s’appuyer “. La révision de la Constitution, toujours pas entrée en application, prévoit de renforcer les droits du parlement. Plus précisément, le poids du groupe parlementaire majoritaire et donc de M. Copé… L’affrontement inévitable entre les deux hommes sera, on peut en être sûr, sanglant.

La grande faiblesse de M. Sarkozy c’est celle qui lui a permit de conquérir le pouvoir. Un système féodal brutal basé sur l’affectif dans lequel on est pour ou contre lui. Sa garde rapprochée est constituée d’obligés managés entre grâces et disgrâces, humiliations et hochets. Conséquence directe, la critique est sinon interdite du moins délicate à formuler. Le syndrome “tout va très bien Mme la Marquise” a contaminé toute la stratosphère sarkozyste.

Face aux bouleversements colossaux que nous vivons (crise économique, environnementale,…) la personnalisation excessive du pouvoir incarnée par Nicolas Sarkozy apparaît singulièrement dépassée. De nombreux observateurs insistent sur la nécessité de ralentir le processus de décision et à intégrer la notion de choix collectif. L’ego du Président est-il capable de l’accepter ?


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