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Notes sur la poésie : Antoine Emaz

Par Florence Trocmé

« Je n’aime pas le dogmatisme aboutissant à l’exclusion, à partir de références obligées. Je reconnais parfaitement la dimension de Mallarmé, Artaud, Ponge, Rimbaud… mais je ne vois pas en quoi cela gêne si je dis que ces œuvres ne m’aident plus à vivre. Ce n’est pas un jugement de valeur littéraire, c’est un constat. Les proses de Jaccottet, les poèmes de Michaux, les œuvres de Baudelaire ou du Bouchet, celles de Follain et Reverdy…. pour ne parler que de certains morts, continuent de m’aider à parler, à comprendre, à respirer…
Je ne vois pas en quoi Follain est forcément ringard et Ponge forcément moderne. Je ne vois pas pourquoi Guillevic n’aurait plus le droit d’être cité… Depuis le début de la poésie, chaque lecteur s’approprie dans la masse d’écrits, ce qui lui convient. Donc lire tout, autant que possible. On découvre ainsi les œuvres qui nous concernent, nous accompagnent momentanément, durablement, définitivement… C’est vraiment de l’ordre du chacun pour soi. Il n’existe pas de Panthéon poétique, sinon celui que chacun se fait selon sa culture, son expérience, sa vie, ses désirs… Si quelqu’un me dit que La Fontaine est le plus grand poète français, je ne le prendrai pas pour un crétin invétéré, invertébré intellectuellement, etc…»

Antoine Emaz, Cambouis, Editions du Seuil, coll. Déplacements, 2009, p. 54.


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