On avait commencé longtemps à l'avance à anticiper l'évènement, plusieurs années même à l'avance. La mairie était en effervescence, le maire des maires "Pavel Bém" aussi, des idées délirantes se bousculaient au conseil municipal sous l'effet de l'excitation première, au point d'avancer un budget de 11 millions de CzK (390.000 €). Ah ben tiens, forcément, ça coûte cher une fête pareille, et surtout en Tchéquie où qu'il faut bien considérer les bouquets de violettes, les épingles pour ces dames, vous savez, les pots de vinasse qui vont bien, les indispensables enveloppes glissées en loucedé dans les poches graisseuses d'un cercle immonde de fumiers politico-mafieux sans lesquels le pays ne pourrait pas fonctionner. Bref...
14.03 – 14.25 turnaj Korouhví k poctě mostu (un tournoi de bougres déguisés en chevaliers, en l'honneur du pont)
14.30 – 14.45 kapela Dubia Fortuna s tanečnicemi (groupe folklorique Dubia Fortuna avec danseuses, chais pas pourquoi ils précisent les danseuses)
14.45 – 15.00 ukázky sokolníka (montrages du fauconnier, de ce qu'il sait faire avec son faucon je présume, pas montrages du gars en personne, ça on s'en fout)
15.00 – 15.20 kejklíři, bubeníci, pištci (saltimbanques, tamboureux, et joueurs de flûtes)
15.40 – 16.00 kapela Dubia Fortuna s tanečnicemi (à nouveau le groupe folklorique à nouveau avec les danseuses, et à nouveau chais pas pourquoi ils précisent les danseuses)
16.03 – 16.25 turnaj rytířů o čest a srdce žen (encore un tournoi de preux chevaliers, cette fois pour l'honneur et le coeur des dames. Menteurs, chuis sûr que c'est pour un autre motif)
18.03 – 18.25 potyčka dvou pánů (échauffourée entre 2 sieurs, encore du combat de cirque)
00.00 h zahájení „hodiny duchů“, v níž ožívají pražské legendy – příjezd kouzelníka Žita povozem taženým kohouty – laserová prohlídka Prahy s komentářem a hudbou – bezhlavý templář projíždí ulicemi Starého Města (début des festivités "l'heure des esprits/fantômes", ressuscitation des légendes de Prague, arrivée du magicien "Žito" en carriole tirée par des coqs, visite laser de Prague!?!? avec commentaires et musique, le templier sans tête [et sans gland, le fameux templier sanglant tant plié s'anglant...] circule dans les rues de la vieille ville, c.f. légende plus loin)
00.20 šerm, tanec, bezhlavý templář (escrime, danse, templier sans tête)
00.40 kejklíři a oheň (saltimbanques et feu!?!? cracheurs de, présume-je?)
01.40 šerm, scéna se šíleným bradýřem (escrime, spectacle théâtral avec le barbier dément, c.f. légende plus loin)
02.00 tanec, scéna se železným rytířem z Platnéřské ulice (danse, spectacle théâtral avec l'homme de fer de la rue "Platnéřská", c.f. légende plus loin)
02.20 šerm (escrime)
02.40 kejklíři, scéna s lazebnicí Zuzanou (saltimbanquerie, spectacle théâtral avec la barbière Suzanne, c.f. légende plus loin)
03.20 tanec, scéna s legendou kouzelníka Žita (danse, spectacle théâtral avec la légende du magicien "Žito", c.f. légende plus loin)
04.00 šerm, scéna kříže ze špitálu křižovníků (escrime, spectacle théâtral du crucifix de l'hôpital des croisés, c.f. légende plus loin)
04.20 tanec (danse)
04.40 šerm (escrime)
05.25 příjezd průvodu gotického vozu z mostu – kardinál Miloslav Vlk – uvítání primátorem Pavlem Bémem – uvítání velmistrem křižovníků s červenou hvězdou Jiřím Kopejskem (arrivée du cortège de la calèche gothique [cardinal "Miloslav Vlk"], accueil par le maire des maires "Pavel Bém", accueil par le grand maître de l'ordre hospitalier des croisés à l'étoile rouge "Jiří Kopejsko")
05.31 požehnání základního kamene mostu kardinálem a primátorem (bénédiction de la première pierre du pont par le cardinal et le maire des maires)
07.00 ukončení akce (fin des festivités)
Dans le programme, enfin au début, quand on avait parlé des quelques 11 millions de couronnes pour la méga-grande chouille, il était question de re-bénir la première pierre du pont (à 5:31 du matin) en présence de notre président eurosceptique "Václav Klaus 1er" en personne. Et jusqu'à la veille, des programmes officiels annonçaient sa venue. Il n'en fut rien. Fut-ce dû à la coupure budgétaire de la fête, à l'heure matinale, au temps incertain d'ailleurs pluvieux à 5:31, au manque de toilette appropriée?
Bref, en ce qui me concernait, j'y fus donc allé comme le bon roi Charles IV 650 ans auparavant, et à 4h du matin j'étais sur le pont, mon appareil en main. C'était cool, l'y avait pas trop de monde, mais on sentait bien qu'il se passait quelque chose d'inhabituel, que les gens étaient agités.
En arrivant vers la place "Křižovnickému náměstí", la foule devenait de plus en plus compacte. Ben tiens, dis-donc, un podium avec des saltimbanques qui crachent du feu et pètent de la fumée, l'un d'eux fait du monocycle (sûrement d'époque), des autres jouent de la musique moyenâgeuse mal accordée, un boulanger véritable qui faignante sans rien faire, un forgeron qui forge des zizi-pan-pan sans intérêt, des stands à couillonneries modernes et inutiles, ouah dis-donc, même une délicieuse petite recroquevillée dans le panier de mise à disposition d'à la vindicte populaire des commerçants malhonnêtes et des brasseurs frauduleux, la pauvre chérie.
Je passais la rue "U lužického semináře", et j'arrivais doucettement vers les tours du côté de "Malá Strana". "Ah ben tiens, de nouveaux des gaillards déguisés en hommes de fer, guenillés d'armures lourdes.
L'heure de la messe en l'église St François d'Assise approchait, mais n'ayant pas spécialement d'affinité avec la priante, n'ayant pas été invité de surcroit, et devant encore me rendre au burlingue afin d'entamer ma journée de travail, je repris ma route sur ce fameux pont en direction de "Kampa", heureux d'avoir assisté en partie à l'évènement, mais frustré de na pas l'avoir vécu en entier. Le soleil rasant perçait les lourds nuages et peinturlurait les maisons d'une lumière intense et inhabituelle (c'est fantastique la lumière naturelle rasante, ça fait de ces effets, j'vous dis pas). J'en profitai pour faire quelques clichés, et m'en rentrai paisiblement à la maison. Le soir même je me précipitai sur la presse électronique afin de renifler l'impression des professionnels, mais également et surtout, en espérant narcissiquement trouver une photo de moi en arrière plan du maire des maires "Pavel Bém".
Légendes
Alors comme je vous le disais auparavant ci-dessus, il est plein de légendes liées au pont, ou tout simplement à Prague.
La légende du barbier dément remonte à l'époque de l'excentrique roi Rudolf II. En cette époque, l'alchimie faisait rêver, fantasmer, et délirer les gens, parfois jusqu'à la folie totale. Ainsi un jour, un gen, barbier de son état, se lança dans l'aventure alchimique avec la fougue et l'excitation d'un chercheur d'or les pieds dans le Klondike.
L'homme de fer, parfois appelé le chevalier de fer. Il était une fois la rue "Platnéřská" (de "plát", tôle) où l'on fabriquait les armures en tôle qui donnèrent donc son nom à la rue. Elle existe toujours, la rue, au même emplacement qu'auparavant, mais plus la fameuse statue de l'homme de fer à laquelle se rapporte la légende, et qui en son temps faisait figure d'enseigne.
Et tiens, pour l'anecdote, un certain "František Ringhoffer" (1er), chaudronnier
Dis-donc, j'ai fait long sur ce coup, bon, alors je vais raccourcir la légende suivante qui de toute façon est totalement sans intérêt. Lorsque le roi "Václav IV" s'en querellait ardu avec la noblesse bohémienne pour diverses raisons (lisez ses mémoires), lorsqu'il fut plusieurs fois emprisonné dans divers castels du pays (et même à Vienne, Autriche) par ces mêmes révoltés séditieux qui s'allièrent avec son fumier de frère "Zikmund", roi de Hongrie, lorsqu'il fut plusieurs fois libéré par ses fidèles mais rattrapé et emprisonné dans la prison de la tour de la mairie de la vieille ville de Prague, ben un jour de 1394,
La légende de la croix dans le couvent des croisés à l'étoile rouge est assez effrayante, et semble avoir été reprise par nombre d'écrivains de polards, réalisateurs de film d'horreur et autres fouteurs de frousse dans le dos la nuit.
ben voilà
Selon les statistiques officielles, quelques 5000 personnes auraient (en tout) participé à cet évènement, et seulement quelques petites centaines auraient tenu le coup jusqu'au bout (toute la nuit).